Zhu Quan et Guide du Thé

Zhu Quan (1378-1448) est le dix-septième fils de Zhu Yuanzhang, le premier empereur et le fondateur de la dynastie Ming. Il montrait une intelligence remarquable depuis son enfance et a obtenu le titre du « roi Ning » à l'âge de 14 ans. Comme l'empereur Huizong, Zhu Quan a connu beacoup d'échecs dans le monde politique. Son frère aîné, Zhu Di (1360-1424), afin de l'empêcher d'accéder au trône, lui a infligé une assignation à résidence et ne l'a pas relâché jusqu'à ce qu'il ait enfin obtenu le pouvoir suprême. Ce qui a rendu Zhu Quan désespéré de la société et dans les dernières années de sa vie, il s'adonnait au taoïsme qui lui aidait à oublier tous les ennuis du monde.

La Guide du thé de Zhu Quan est transmise de génération en génération. Il a accordé une haute appréciation au Livre sur le thé de Lu Yu et aux Archives du thé de Cai Xiang, ces deux livres d'une grande valeur d'après lui, mais il a aussi mis en cause certains points de vue de ses prédécesseurs. Zhu Quan n'appréciait pas les disques de thé très à la mode sous les Tang et Song, et accusait cette méthode de fabrication de « triturer les feuilles en poudres et de les former en disques » de faire perdre la saveur naturelle des feuilles de thé. Il préférait donc le thé en vrac. Zhu Quan a aussi critiqué Lu Yu qui cherchait de façon excessive la «curiosité». Son opinion s'applique à la tendance de remplacer les disques de thé par le thé en vrac et la cuisson par l'infusion.

Zhu Quan et Guide du théZhu Quan et Guide du thé
Le tableau Réumon de thé dans les montagnes Hui, du peintre Wen Zhengming sous la dynastie des Ming

Le Guide du thé de Zhu Quan comprend deux parties: la préface et la partie principale. La partie principale elle-même est aussi divisée en deux parties : les discussions sur le thé, qui traitent les fonctions du thé, ses cinq appellations différentes et des commentaires sur les ouvrages des prédécesseurs et le catalogue des thés, qui parle de différentes façons de boire du thé, des méthodes de sa fabrication et des ustensiles spécialisés. La meilleure partie dans le catalogue des thés est la délimitation des atmosphères de boire du thé faite par Zhu Quan. Aux yeux de celui-ci, le thé « aide les gens à s'esquiver des préoccupations terrestres et les détache des vulgarités », de sorte qu'il « profite à l'acquisition de savoir -vivre. » Par conséquent, le thé doit être bu dans des endroits tranquilles, « soit entre les sources et les rochers, soit au milieu des pins ou de bambous, soit sous une lune argentée et dans la brise de la nuit, soit près d'une fenêtre lumineuse et propre ». En buvant du thé, il est déconseillé de parler des vulgarités, et il vaut mieux «étudier la métaphysique et chercher la vérité suprême, ainsi que purifier l'âme et élever l'esprit de ce monde terrestre. »

Zhu Quan a aussi apporté des contributions à l'amélioration de l'utilisation des appareils de thé. Prenons l'exemple de la cuillère à thé. Les gens des dynasties précédentes préféraient celles en or, alors que les gens sous la dynastie Ming utilisaient celles en argent ou cuivre, mais Zhu Quan a substitué celles faites par l'enveloppe des noix de coco aux cuillères métalliques. Il croyait que ce n'était pas la peine d'utiliser la porcelaine noire préconisée par les gens des Song, ayant une prédiction pour la porcelaine blanche qui pourrait mieux faire ressortir la couleur claire du thé en vrac. Il a également critiqué la pratique de ses contemporains de faire du thé avec des étagères en bois et il pensait que les étagères «en bambou noir tacheté et en bambou violet ont l'air plus agréable ». H a inventé des procédés de fabrication du thé aux fleurs, disant que les fleurs d'abricotier au Japon, les osmanthes et les jasmins pourraient ajouter aux parfums et au charme du thé. Bref, Zhu Quan est contre le luxe et la complexité, mais pour un art du thé simple et naturel.