Histoire du Thé Chinois

En tant que pays natal de cette boisson, la Chine occupe une position pionnière et avantageuse dans la plantation, la production et la dégustation du thé. La découverte et l'usage du thé peuvent remonter à il y a quatre ou cinq mille ans en Chine. Allant du premier thé fraîchement bouillis pris comme une sorte de soupe au thé séché et conservé qui apparaît plus tard, du seul thé vert à la coexistence de ces six sortes majeures de thé, le thé, qui a prend un essor sous la dynastie des Tang (618-907) et des Song (960-1279), joue toujours un rôle non négligeable dans la vie quotidienne de nos jours. Sa saveur, forte ou légère, apparemment amère mais douce au fonds, a duré, malgré la longue histoire, jusqu'à aujourd'hui. En plus, avec son charme singulier, il a franchi les obstacles géographiques et culturels et a été introduit aux quatre coins du monde.

Maintenant, on ne peut plus trouver les origines précises du thé Shen Nong, Histoire du Thé Chinoisdans les dossiers ou les légendes populaires. Ce qui peut être vaguement confirmé, c'est que le thé est d'origine du Sud-ouest de Chine. Au Yunnan et aussi dans quelques autres endroits, il y a encore des théiers sauvages de plus de mille ans. Selon la légende, le premier homme qui a découvert les vertus du thé est Shen Nong - le père de l'agriculture et de la médecine herbale en Chine. A cette époque primitive, les gens connaissaient très peu sur les plantes. Dans le but de distinguer les plantes mangeables de celles qui ne le sont pas, Shen Nong en a goûté de diverses sortes pour connaître leurs caractéristiques en tant qu'aliment ou médicament. Heureusement, Shen Nong avait un ventre transparent, qui lui permet d'observer les réactions causées par ces plantes là-dedans après les avoir mangés. Telle est l'histoire de « Shen Nong qui a goûté une centaine de plantes différentes », très connue en Chine. Un jour, à la suite d'une longue marche fatigante, Shen Nong était épuisé et avait très soif, donc il s'est reposé sous un arbre et a commencé à faire bouillir de l'eau en allumant du feu. Tout à coup, quelques feuilles de cet arbre sont tombées dans le pot. Shen Nong en a bu un peu et l'a trouvée non seulement douce et délicieux, mais aussi rafraîchissant. Il s'est aperçu que toute la fatigue était déjà disparue donc il a bu toute cette boisson faite par les feuilles dans l'eau bouillie.

Une autre version de cette histoire se différencie un peu de celle-ci, mais plus intéressante. On dit que Shen Nong a goûté à 72 différentes sortes de plantes toxiques durant la même journée et il s'est étendu sur le sol, mourant. A ce moment-là, il a vu tomber quelques feuilles de l'arbre à côté de lui, émanant une fragrance agréable. Par curiosité en partie, et aussi par habitude, Shen Nong a mis ces feuilles dans sa bouche et les a mâchés. Peu de temps après, il a retrouvé toutes ses forces et ne sentait plus la douleur. Aussi a-t-il cueilli plus de feuilles à manger et donc a lavé son corps du poison. Toutefois, dans n'importe quelle version, le thé a attiré l'attention de Shen Nong et l'a poussé à faire des recherches additionnelles pour mieux connaître cette boisson. Un livre de médicine chinois très ancien, La Médecine herbale de Shen Nong, attribué à Shen Nong, a dit sur le thé ces mots suivants : « Le thé a un goût amer. Cette boisson peut rendre la pensée rapide, le besoin de sommeil moins fort, les mouvements lestes et la vue claire. » C'est le premier livre discutant des vertus médicales du thé.

Sous la dynastie des Zhou (1046-256 avant J. Christ), la fonction du thé pour rafraîchir a graduellement remplacé sa vertu médicale. Les gens ont commencé à sécher les feuilles des théiers pour les conserver plus facilement. Quand ils préparaient du thé, ils mettaient les feuilles séchées dans le pot et obtenaient ainsi une sorte de potage. Les rois des Zhou étaient habitués à boire ce potage mais dû à son goût amer, le thé n'est pas devenu populaire comme boisson.

Sous les Han (206 avant J. Christ-220)i les méthodes de collecte et de traitement des feuilles de thé ont été améliorées. Le thé s'est transformé en une boisson de bon goût et a été accueilli favorables dans les milieux aristocrates, donc est devenu très populaire parmi les nobles.

A l'époque des Wei et des Jin (220-589), où la métaphysique ainsi que les discussion à ce sujet était très à la mode, le thé, à la place du vin, est devenu le boisson principale au cours des réunions des lettrés, étant donné leur préférence pour le rafraîchissement et la pureté du thé à la violence du vin. Le thé et le vin, bien qu'ils soient une sorte de boisson tous les deux, ont pourtant un lien très subtil entre eux : le vin correspond plutôt à une atmosphère chaleureuse, et le thé est pourtant quelque chose qui s'harmonise avec le calme. De l'autre côté, pour encourager les aristocrates à adopter un train de vie plus économe, les monarques de ces empires préconisaient de prendre le thé et d'autres aliments à goût léger.

Après avoir été introduit en Chine au milieu de la dynastie des Hans de l'est par la route de soie, le bouddhisme a connu de grands succès dans tout le pays et constituait donc le courant principal de la pensée de cette époque. Le thé, capable de « chasser le sommeil », a obtenu une haute appréciation de la part des bouddhistes. En même temps, les idées du taoïsme étaient aussi très répandues dans la société, ce qui favorise également la popularisation du thé qui aide au lavage des souillures dans le cœur, à la longévité et au rapprochement du monde céleste. On peut même dire que la prospérité du bouddhisme et du taoïsme contribue de façon non négligeable à la généralisation du thé. Tout au long de cette période mouvementée qui durait plus de 300 ans dans l'histoire chinois, tout le pays était longuement traîné dans le scindement et les conflits militaires : un pouvoir politique a vu le jour et mais bientôt serait remplacé par un autre. Une grande exode dans tous les sens se produisait à l'échelle nationale et a ainsi donné naissance à une époque importante du point de vue historique qui constatait un fusionnement et une communication de grande ampleur entre différentes ethnies. Au fur et à mesure de ce fusionnement, le thé, donc la région d'influence s'était limitée seulement au Sud-ouest de Chine, notamment à la province du Sichuan, a été introduit dans la région en aval du fleuve Yangtsé et le Nord-ouest. La coutume de boire du thé a pénétré dans la vie quotidienne de toutes les couches sociales.

Selon l'histoire, « la coutume de boire du thé a débuté sous les Tang et a pris son apogée sous les Song. » Les gens à l'époque des Tang ont inventé une méthode appelée « cuisson à la vapeur verte » pour débarrasser les feuilles de thé de l'odeur de l'herbe. Ils ramassaient les feuilles de thé, les brisaient, les transformaient en des « gâteaux de thé » sous forme de disque, les séchaient pour mieux conserver. Avant les Tang, le caractère « ^ » pouvait s'écrire de plusieurs façons, dont une selon laquelle on peut supprimer un trait horizontal dans le caractère « H » (amer, ou l'amertume) et on obtient le « ^ », la forme qu'on utilise jusqu'à nos jours. Si on examiner de plus près ce caractère, ou voit que en bas, c'est le caractère « /fc » (le bois) ; en haut, un trait horizontal avec deux traits verticaux plus courts, qui est un signe très courant dans les caractères chinois et qui signifie « l'herbe » ; au milieu, le caractère « À » (l'homme). La disposition ingénieuse de ce caractère suggère, de façon subtile, les relations harmonieuses entre l'homme et la nature suivant la sagesse chinoise.

A l'époque des Tang, sont apparus les endroits destinés spécialement à boire du thé : les maisons de thé. Dans les grandes villes, on trouvait toujours des boutiques de thé, qui disposait d'un grand stock de toutes sortes de thé et qui offrait aussi le service d'en préparer pour les clients. On constatait, en même temps, la sortie massive des poèmes et textes au sujet du thé, parmi les auteurs desquels Lu Tong et Bai Juyi. Au demeurant, les Tang ont aussi vu la publication du premier ouvrage théorique traitant exclusivement le thé : le Livre sur le thé. Ce livre a raconté, de manière synthétique, la vertu médicale, le ramassage, la production, la cuisson du thé, ainsi que les ustensiles à se servir avec cette boisson, soit les connaissances complètes dans divers aspects en ce qui concerne le thé. Son auteur Lu Yu (733 environ-804) est du coup honoré du titre « le Saint du thé » par les générations postérieures. Au fur et à mesure de son expansion du Sud au Nord en Chine, la coutume de boire du thé s'est aussi mise à généraliser dans les pays voisins. Durant cette période, le thé consiste en l'article chinois le plus demandé dans les échanges commerciaux internationaux. Vers l'ouest, il a été introduit dans l'Asie centrale et de l'Ouest par la Route de Soie ; vers l'est, dans la Corée, le Japon et l'Asie du Sud-est par le transport terrestre et les lignes navales. Les moines japonais qui visitaient la Chine en ont emporté du thé. Par souci de la commodité dans le transport, ils ont réduit ces feuilles en briques et en pris un petit morceau quand ils voulaient en préparer. Ces briques sont pareilles à celles qu'utilisaient les ethnies nomades dans l'Ouest de Chine, ce qui montre qu'il existe toujours des points correspondants dans l'intelligence de différentes races de l'humanité.

Lu Yu, Histoire du Thé Chinois

 

La popularité du thé a battu son plein sous la Dynastie des Song, où la gestion des maisons de thé est devenue une vraie activité commerciale. Il est apparu deux ouvrages théoriques sur le thé : la Guide du thé du calligraphe Cai Xiang (1012-1067) et les Remarques généraux sur le Thé de l'empereur Huizong nommé Zhao Ji (1101-1125 au pouvoir). Sous les Ming (1368-1644), la culture du thé, considérablement étouffée par les Yuans, ce pouvoir politique fondé par les Mongols, a connu un redressement. Le premier empereur des Mings, Zhu Yuanzhang (1168-1398 au pouvoir), a recommandé le thé en feuilles à la place des disques de thé, ce qui a changé énormément les habitudes de boire du thé dans la vie quotidiennes des gens et ce changement continue à exercer son influence sur la société d'aujourd'hui. Parallèlement à l'approfondissement des connaissances sur le thé, les gens ne se sont plus limités à cueillir les feuilles des théiers sauvages, mais ont commencé à défricher des jardins de thé et y planter des théiers. Les procédés de fabrication du thé étaient aussi de plus en plus matures, selon la différence desquelles on divise différents genres de thé en six catégories majeures. Le thé n'était plus pris pour un aliment ou un médicament, mais quelque chose pourvu des sens plus profonds sur le plan spirituel, d'où se dégage une signification culturelle.

La cérémonie du thé chinoise ne contient non seulement l'évaluation de la qualité du thé, mais aussi impose une série d'exigences quant à le choix de l'eau utilisée et d'ustensiles, à l'endroit et au temps d'en boire, à la méthode d'en préparer et d'y goûter et à ceux qui y goûtent. A l'intermédiaire de la cérémonie « formaliste » du thé, on se rend compte que la saveur légère et subtile de cette boisson profite à la longévité, à la bonne humeur et aussi à l'approfondissement de nos connaissances sur l'univers. C'est en ceci où réside l'essentiel de la pensée de « chercher le fonds du monde en buvant du thé ».

Au cours de la généralisation du thé, les habitants Salon de thé, Histoire du Thé Chinoisdans différentes régions ont développé leur propre coutume de boire du thé : ceux du Guangdong aiment le « thé du matin » ; ceux du Fujian préfèrent le « thé du Kung fu » ; ceux du Hunan ont une prédilection pour le « thé Lei » (M^) ; le « thé aux bols-couverts » est très populaire dans la province du Sichuan ; les gens de l'ethnie de Bai ont inventé une cérémonie de thé nommé « San Dao », c'est-à-dire boire successivement trois bols de thé préparés par différents ingrédients ; les Tibétains ont un faible pour le thé au beurre alors que les Mongols ont une préférence pour le thé au lait.. .ces coutumes variées ont contribué largement à la profondeur et à la diversité de la culture de thé chinoise.

Ces feuilles de thé magiques, grâce aux échanges culturels et économiques mondiaux, ont été emportées aux quatre coins du monde. Les moines ont apporté les germes de l'arbre à thé, les procédés de son fabrication et les ustensiles spécialement réservés à boire du thé dans leur pays, ce qui a donné les bases à la cérémonie du thé à la japonaise. A la fin du XVIe siècle, les hollandais ont transmis un message en Europe : en Orient, il y a une sorte de feuille magique, dont on peut faire une boisson très délicieuse. C'est la première fois que les Européens ont pris connaissance du thé.

En 1607, la compagnie d'Est de l'Inde des Pays-Bas a commencé à acheté du thé chinois à Macao, et a essayé de le vendre en Europe après l'avoir exporté par l'Indonésie. Après des décennies, miraculeusement, le thé est devenu une boisson indispensable dans la vie courante des Européens. A peu près à la même époque, le thé chinois a été introduit en Russie par le transport terrestre, dont les habitants ont la chance de savourer du thé plus frais dû à la rapidité de ce moyen de ce transport. En revanche, la Grande Bretagne, où se développait plus tard la culture du « thé de l'après-midi », n'a « fait connaissance » avec le thé qu'en 1650.