La Généralisation du Thé dans le Monde

La généralisation du thé dans le monde se faisait par deux voies : voie de terre et voie de mer. La voie de terre comprend la route du thé, qui recouvrait l'ancienne route de la soie, dirigée vers l'Asie du centre, l'Asie de l'Ouest et l'Europe, la route commerciale, composée de l'ancienne route de Tang-Tibet et l'ancienne route du thé, dans la direction des pays de l'Asie du Sud, et aussi une autre route du thé créée sous les dynasties des Ming et des Qing, qui passait par le plateau de Mongolie pour arriver à la Russie. La voie de mer se dirigeait principalement vers trois directions : la première a été créée dans la période des Tang et des Song, départ des provinces du thé du Jiangsu, Anhui, Zhejiang et Fujian, en passant par les ports de Yangzhou, Ningbo, et Quanzhou, arrivait au Japon et à la Péninsule de Corée; la deuxième a été créée dans la période des Ming et des Qing, départ des provinces du thé du Jiangxi, Zhejiang et Fujian, en passant par les ports de Ningbo, Quanzhou et Guangzhou et traversait l'Océan Pacifique pour enfin arriver à l'Amérique. La troisième est partie de ces ports pour Nanyang, et puis passait par l'Inde pour l'Europe.

Sous les dynasties des Song et des Yuan, et au début de la dynastie des Ming, la Chine a mis l'embargo strict sur le thé, ce qui empêchait la diffusion de ce dernier. En troisième année de Yongle de la dynastie des Ming (1405), Zhenghe (1371 ou 1375-1433 ou 1435) a apporté comme cadeau, lors de sa visite maritime en Occident, beaucoup de thés connus de différentes régions, ce qui ouvrait la voie de diffusion du thé sous la dynastie des Ming. Au début de la dynastie des Qing, avec l'augmentation de la production du thé, l'embargo a été levé essentiellement, la cour impériale permettait au peuple de faire le commerce du thé. Avant l'apparition de voie de mer, il y avait sur les voies de terre des caravanes composées des marchandeurs du Shanxi. Ils parcouraient un long trajet pour aller acheter du thé dans les montagnes Wuyi du Fujian, « ils dépassaient le fort Fenshuiguan, traversaient le Fleuve Jiujiang, en passant par Shanxi et Kulun(Ulaanbaatar d'aujourd'hui), et continuaient vers le nord à Kiakhta ( dans le sens de « ville du commerce », qui était un port important commercial sino-russe ) », un parcours de plus de 6 000 km, et puis à travers le Siberia pour enfin arriver à l'intérieur de l'Europe. Voilà la fameuse route du thé qui était un réseau commercial international pour introduire le thé chinois en Russie et en Europe. Le thé transporté en voie de terre a été bien protégé de l'humidification, à la différence du thé transporté en voie de mer, ce qui fait que la qualité du thé introduit en Russie était supérieure à celle transporté par voie de mer. Les thés vers la Russie étaient pour la plupart fabriqués en brique. Les Russes acceptaient vite et adoraient bien le thé chinois, comme ce que disait un écrivain, le thé constituait un élément indispensable dans les échanges sino-russes, parce que les Russes ont pris l'habitude de boire du thé chinois, et c'est difficile de s'en passer.

Le pont suspendu sur l'ancienne Route Tang-Tibet
Le pont suspendu sur l'ancienne Route Tang-Tibet

En 1729, la Chine et la Russie ont signé le Traité de Kiakhta, qui a désigné cette ville comme lieu de commerce entre les deux pays et qui a ainsi fait de Kiakhta un centre important du commerce du thé où les échanges du thé se développent rapidement. À la fin du 18e siècle, la route du thé a atteint son apogée, ce qui a beaucoup promu le commerce d'autres marchandises au long de la route et a favorisé les échanges économiques entre la Chine et l'Europe. Sur cette route, les caravanes de voitures, de chevaux, de chameaux faisaient la navette sans cesse, ce qui constituait une scène grandiose. Dans les années 30 du 19e siècle, les exportations du thé représentaient 93% du montant commercial sino-russe.

La généralisation du thé au Royaume-Uni suit le même parcours que dans d'autres pays, soit du haut en bas, le thé est introduit dans les milieux populaires par la famille impériale et les nobles, et il devient vite un élément indispensable dans la vie quotidienne britannique. Les Britanniques ont commencé l'importation du thé par voie de mer en 1637, alors, les navires marchands britanniques sont arrivés au port de Humen à Guangzhou et ont emporté avec eux 112 livres du thé. Au début, le thé exporté vers Royaume-Uni était principalement le thé vert, mais étant donné que la qualité ne pouvait pas être assurée au cours du transport par voie de mer, les Britanniques ont enfin choisi le thé noir, ce qui a exercé une influence directe sur les habitudes des Britanniques de boire du thé.

Avec l'accroissement de la demande britannique du thé, le Royaume-Uni a enregistré des exportations de grande envergure, et le déficit commerciale sino-britanniques s'élargissait an par an. Jusqu'à la fin du 18e siècle, le Royaume-Uni importait chaque année des thés dont le montant atteint 40 000 Liang d'argent, par l'intermédiaire de la Compagnie britannique des Indes orientales.

Bien que le Royaume-Uni a exporté vers la Chine des produits de laine, des produits de métal et des cotons, le montant total de ces produits ne représentait que 1/6 du celui du thé importé. Les navires britanniques chargés d'argent allaient à Guangzhou pour acheter le thé. Afin de modifier cette situation défavorable, le gouvernement britannique a décidé d'imposer une taxe lourde sur l'importation du thé, le taux de taxe demeurant plus de 100% de 1806 à 1833.

En plus du thé en produit fini, les arbres à thé noir de la Chine faisaient l'objet de convoitise de la

Compagnie britannique des Indes orientales, qui cherchait activement les ressources du thé ailleurs. Pourtant, la Chine a interdit toute les fuites des graines et des techniques de fabrication du thé, en vue de protéger les intérêts commerciaux. Ainsi, le thé était rarement produit dans les régions ailleurs que la Chine. En 1834, le gouverneur britannique en Inde, Bentingke, a organisé un comité du thé pour étudier les possibilités des la plantation du thé chinois en Inde. À cette époque-là, le gouvernement chinois de la dynastie des Qing a interdit tous les voyages des étrangers dans les régions intérieures de la Chine, et le secrétaire du comité s'est déguisé pour entrer en Chine et a fini par acheter une grande quantité de graines du thé. Il les a emportés furtivement à Calcutta en Inde au début de 1835, et en ont fait 42000 pousses d'arbres à thé, lesquelles sont plantés dans les régions comme Assam, Gumen, Tailatun, ce qui a jeté la base pour le plus grand exportateur du thé du monde aujourd'hui. Et puis, ils ont recruté en 1838 les artisans chinois du thé pour leur apprendre les techniques de fabrication du thé en imitant celle du thé noir et ont fini par produire les premiers thés finis (8 caisses). À l'arrivée au Royaume-Uni, ces thés ont provoqué un grand retentissement parmi le gouvernement et le public britannique. En 1867, les pousses d'arbres à thé sont aussi transportées vers le Sir Lanka, qui deviendrait plus tard le troisième pays de l'exportation du thé dans le monde. À partir des années 60 du 19e siècle, le thé chinois a été concurrencé fortement par l'Inde et le Sir Lanka dans le marché international, et sa quote-part a été réduite graduellement de sorte qu'il a perdu totalement sa place privilégié dans ce domaine dans les années 80 du 19e siècle, alors que l'Inde est devenue le premier grand fournisseur mondial du thé.

Les exportations du thé de la Chine vers le Royaume-Uni ont causé un fort déficit commercial entre les deux pays, mais le gouvernement britannique a fait transporter furtivement l'opium produit en Inde vers la Chine par la Compagnie britannique des Indes orientales, ce qui a renversé radicalement la situation commerciale sino-britannique. Le gouvernement de la dynastie des Qing a adopté une politique de prohibition de l'opium et a entravé fortement les importations de l'opium en vue d'éviter la fuite d'argent. C'est la cause immédiate de la guerre de l'opium sino-britannique en 1840. Après avoir gagné la guerre, les Britanniques ont demandé l'ouverture commerciale des cinq ports chinois, dont deux se trouvaient au Fujian, dans le but de contrôler les régions de thé. Le thé noir continuait à être exporté abondamment à travers les ports de Xiamen, Fuzhou et Guangzhou. Sous l'impacte de l'ouverture commerciale des cinq ports, la route du thé vers le nord est remplacée par la voie de mer, et les caravanes regroupant des marchands du Shanxi sont dissoutes par concurrence. Après la guerre de l'opium, la Chine a vu perdre progressivement sa souveraineté et son territoire, et a marqué le commencement d'une histoire d'humiliation de plus de cent ans.

 L'image en haut: les maisons de thé sur la Route du thé en Russie
 L'image en haut: les maisons de thé sur la Route du thé en Russie

Parallèlement, une autre guerre qui est censée changer le monde est relative avec le thé et le Royaume-Uni. Les Britanniques revendaient le thé exporté de Chine à d'autres régions, dont l'Amérique du Nord était le plus grand marché. Le gouvernement britannique imposait aux colonies d'Amérique du Nord une taxe spéciale sur le thé, et leur revendait le thé invendable, ce qui a provoqué de forte résistance. En 1773, les membres du « Boston tea party » ont pris contrôle des trois vaisseaux chargés du thé de la Compagnie britannique des Indes orientales, et ils ont jeté dans la mer 342 caisses du thé, dont le montant atteignait 18 000 pounds.

L'accident du thé de Boston est devenu le détonateur de la Guerre d'indépendance des États-Unis, et le thé jeté dans la mer était bien le fameux thé noir de la Chine. Après avoir obtenu l'indépendance, les Américains ont largement développé avec la Chine des échanges commerciaux du thé. Ils achetaient le thé contre le ginseng, la fourrure de phoque et le santal, et l'apportaient aux États-Unis pour le revendre. Beaucoup d'entre eux se sont enrichi de cette façon. Dans les régions côtières américaines, nombreux sont ceux qui rêvaient de s'enrichir à travers le commerce du thé avec la Chine. Pourvu qu'ils disposent d'un bateau avec une contenance de 5 personnes, ils comptaient de faire un voyage à Guangzhou pour importer le thé. La Guerre de l'Opium et la Guerre d'indépendance des États-Unis ont toutes les deux un lien avec le thé, ce petit rien trop insignifiant pour que l'on parle a cependant bouleversé le rapport de force du monde. Cela nous invite à une méditation approfondie.