Peinture Bouddhiste en Chine

Le bouddhisme et les arts qui lui sont associés naquirent en Inde et se répandirent par deux routes. Le bouddhisme avança vers l'Asie centrale, la Chine, la Corée et le Japon par la route du nord, et vers l'Asie du Sud-est par la route du sud. Il s'assimila aux caractéristiques locales de chaque endroit qu'il atteignait dans son voyage vers l'est. Il arriva en Chine au If siècle durant la dynastie des Han de l'Est. Dans les Chroniques de Wei sur le bouddhisme et le taoïsme, on lit : « Depuis la construction du temple du Cheval blanc à Luoyang, des portraits muraux du Bouddha se répandent à travers le pays ; tous sont méticuleusement effectués selon une formule universelle. » Et plus loin : « L'empereur Mingdi des Han commanda des portraits du Bouddha pour la pagode Qingliang et les tombeaux impériaux Xianjie », ce qui montre que les arts bouddhistes ont une histoire aussi longue que l'enseignement du bouddhisme en Chine. Le bouddhisme et ses arts associés sont très importants et ont exercé une influence majeure, tout de suite après la sagesse chinoise et la philosophie traditionnelle, sur le développement des arts en Chine. Le développement et la progression des arts bouddhistes furent d'abord sujets à la demande de la croyance religieuse. Deux des plus importantes caractéristiques du bouddhisme étaient la vénération de l'image du Bouddha et la confirmation du protocole. Les arts bouddhistes se développèrent suivant ces traditions de manière à soutenir la prédication et l'enseignement des écritures et à assister la vie en groupe pratiquée par les bonzes. La sculpture du Bouddha était l'un des principaux aspects du bouddhisme en Chine qui était souvent appelé « religion des sculptures du Bouddha ». Les œuvres religieuses étaient créées surtout pour exposer l'image du Bouddha et illustrer les enseignements bouddhistes, comme la naissance du Bouddha, la légende de la réincarnation, la pénitence et l'illumination. Au début, le bouddhisme était une religion pratique et n'appréciait pas l'importance des sculptures et images. Après la mort de Sakyamuni, les croyants commencèrent à vénérer ses reliques, surtout une dent après sa crémation. Ils construisirent des pagodes pour y déposer ces reliques, et se mirent à peindre des fresques et créer des sculptures pour rappeler ses enseignements. La vénération des statues et images n'a fait que se renforcer par la suite.

Les fresques des grottes sont devenues le principal symbole des arts bouddhistes en Chine. Les grottes de Shanxian et de Kizil au Xinjiang, sculptées au IIIe siècle, sont peut-être les plus anciennes. Les grottes de Mogao ou la grotte des Mille Bouddhas à Dunhuang sont les plus représentatives des grottes d'envergure qui aient survécu. Les grottes de Mogao ont joué un rôle très important dans la transformation des arts bouddhistes de leur lieu de naissance en arts

religieux de Chine. Importantes aussi dans les échanges culturels entre la Chine et le monde extérieur à l'ouest, elles ont influencé la prolifération de l'art des grottes bouddhistes dans les autres parties du pays.

 Peinture Bouddhiste en Chine
Estatua de Buda Lushena ( Locana buddha),Templo Fengxian, las grutas budistas de Longmen,con una altura de 17,14 metros.

Il existe d'autres importants sites de fresques de grottes en Chine comme les grottes du temple Bingling, celles de Maijishan dans la province du Gansu, celles de Yungang et celles des monts Tianlong dans la province du Shanxi, les grottes de Longmen et de Gongxian dans la province du Henan, celles de Xiangtangshan dans la province du Hebei, de Dazu du Sichuan et de Jianchuan au Yunnan.

Zhang Yanyuan a écrit dans Archives des peintures célèbres des dynasties du passé que plusieurs peintres importants des dynasties des Wei et des Jin et de la dynastie des Tang comme Cao Zhongda, Gu Kaizhi, Lu Tangwei (?- 485), Zhang Sengyou (date de naissance inconnue, période active 502-549), et Wu Daozi étaient célèbres pour leurs œuvres à sujets bouddhistes également. La pratique de l'art non seulement leur offrait une scène d'activité pour élever leur réputation mais aussi pour enrichir leur imaginaire artistique. Vers la fin des dynasties des Wei et des Jin, Zhang Sengyou était le plus influent artiste de la peinture bouddhiste. Encore dans Archives des peintures célèbres des dynasties du passé lit-on ce commentaire sur sa technique : « Un ou deux traits, l'image apparait » ; « de ce qui est disponible il crée ce qui est presque impossible » ; « portraits soignés et perfection sans précédent » ; « précision et rythme communicatif ». Avant les dynasties des Sui et des Tang, il fut l'un des plus importants pionniers et promoteurs de la nouvelle forme d'art.

Cao Zhongda a toutefois créé son propre style de peinture religieuse, le « style de la famille Cao », qui fut l'une des quatre principales écoles de technique de peinture religieuse. Les peintures et sculptures effectuées sous les Wei et les Jin présentent un style artistique très semblable à celui de la dynastie Gupta de l'Inde. Les personnages portent toujours des vêtements adhérents qui mettent en relief leur structure corporelle. Cela et le « style de la famille Wu » de Wu Daozi représentent les deux principales approches de la peinture bouddhiste en Chine. Ces techniques tiennent en peu de mots : « le style de la famille Cao est comme une personne en robe de soie qui sort de l'eau, et celui de la famille Wu comme un ruban de soie volant dans la brise. » Malheureusement, la plupart des œuvres de Cao Zhongda ont disparu ; une rare sculpture du bouddha Sakyamuni conservée au jardin Luye porte sa signature de style de « vêtements mouillés ». Le style de la famille Wu, qui apparait fréquemment sur les fresques de Dunhuang, suit un code vestimentaire plus souple, avec manches et rubans flottants dans le vent comme un être céleste de la légende chinoise.

L'adaptation des arts bouddhistes de l'Inde à la Chine demanda beaucoup de temps et ne fut pas complète avant les dynasties des Sui et des Tang. Cependant, la plupart des grandes œuvres furent effectuées durant ce processus de transformation et à la fin de la grande dynastie des Tang, le format et l'esprit avaient réalisé l'unification, et l'art bouddhiste était devenu vraiment chinois. Il faut mentionner que certaines des œuvres bouddhistes les plus importantes de Chine furent achevées avant les dynasties des Sui et des Tang.

Le bouddhisme arriva en Chine et s'épanouit sous les Han de l'Est et les dynasties des Wei et des Jin, une période d'instabilité, de guerres et de divisions pour la Chine. Les dynasties défilaient sans contrôle efficace ni autorité. Le peuple, vivant dans le bouleversement et le chaos, perdait confiance en une société et une classe dirigeante décadente et sa foi en la philosophie chinoise traditionnelle, le confucianisme. La métaphysique tentait de combler le vide spirituel et devint une mode. Idéologiquement, ce fut une des périodes les plus actives de l'histoire chinoise. Sur cette toile de fond, le bouddhisme arriva et gagna bientôt une immense popularité et des disciples fanatiques. Du nord au sud, tout le pays se mit à construire des bâtiments religieux, soit des milliers de temples, de pagodes, de tours et de grottes.

Durant la période des Wei du Nord (386-534), la classe dirigeante fit du bouddhisme la religion d'État. Depuis l'empereur aux fonctionnaires et au peuple ordinaire dans les rues, l'enthousiasme était remarquable en faveur de cette religion nouvellement arrivée en Chine. La plupart des grottes importantes comme celles Bingling, Yungang et Maijishan remontent à cette période avec la majorité de leurs sculptures et fresques. La plus grande partie des peintures des grottes de Mogao à Dunhuang furent achevées durant cette période. Donc, la période des Wei du Nord a connu une période de réalisation des arts bouddhistes similaire à celle des Tang. Les peintures et sculptures représentaient surtout des légendes et la vie du Bouddha et des bodhisattvas, faisant ressortir la pénitence et les épreuves qu'on s'imposait pour atteindre l'illumination. Fresques et sculptures étaient souvent construites pour se compléter mutuellement afin de créer l'harmonie. Les profils étaient simples et élégants, et montraient plusieurs caractéristiques « gupta » de l'art bouddhiste original indien. Aujourd'hui, cette école d'expression artistique a encore des admirateurs et des disciples.

La simplicité et la sincérité de la dynastie des Wei du Nord fit bientôt place au luxe et à l'élégance de la dynastie des Tang. Plusieurs éléments de l'art bouddhiste indien disparurent et l'adaptation des images bouddhistes s'installa d'un pas régulier, avec un retour à la confiance nationale et une redécouverte du confucianisme traditionnel. Sous les Tang de grande prospérité, le pouvoir économique et la confiance nationale atteignirent un sommet sans précédent. Cette situation nationale et l'imagination artistique fournirent une occasion parfaite à de grandioses projets d'art. L'envergure, l'enthousiasme et l'ordre dans lesquels ces projets furent exécutés dépassent toute imagination. Les fresques de cette période sont surtout relatives au Paradis de l'ouest de Amitabha et au texte du Dharmmapada, décrivant l'abondance céleste du Paradis de l'ouest, une parabole bouddhiste pour illustrer l'enseignement des écritures.

Peinture Bouddhiste en Chine
Bodhisattva guidant une défunte vers le ciel. Peinture sur sole de l'époque des Tang exhumée à Dunhuang

La principale caractéristique de l'adaptation chinoise est l'ajout d'éléments de la vie quotidienne du peuple. La composition des fresques de cette époque est donc souvent solennelle, luxueuse, majestueuse et grandiose, mais en même temps pleine des joies et des détails ordinaires de la vie séculière.

Les portraits de Yan Liben, les personnages Qiluo de Zhang Xuan et d'autres, et les peintures de Wu Daozi ont défini les caractéristiques de la peinture durant la période Tang, et plusieurs de ces caractéristiques se retrouvent dans les fresques de la même période. Les portraits du Bouddha et des bodhisattvas ont été coulés dans le même moule que ceux des empereurs et des courtisanes. Plusieurs scènes qu'on voit dans les fresques sont l'idéalisation esthétique et la poétisation de la réalité quotidienne. En comparaison avec l'expression simple et rude et non sophistiquée des périodes du Nord et du Sud, les techniques utilisées dans les fresques des Tang sont plus raffinées et imbues d'imagination. Plusieurs ont été apprises des peintres impériaux et des mandarins de la cour. Il y a même des artistes impériaux qui ont participé à la réalisation de projets religieux et qui ont apporté avec eux des perspectives et des techniques d'érudits.

Les fresques des grottes de Maijishan et de Mogao illustrent les caractéristiques des dynasties des Sui et des Tang. Les couleurs sont habituellement belles et variées ; la composition est complexe ; les personnages sont modelés sur les membres de la cour de l'époque, dignes et gracieux, avec des caractéristiques de vie luxueuse. Les musiciens et leurs instruments déployés devant les bodhisattvas sont encore plus extravagants que ceux des fresques d'Ajanta en Inde. Les Sept Pagodes, les fleurs, les musiciens, les étangs de lotus, les arbres et les oiseaux du Paradis de l'ouest de Amitabha sont une fantaisie de la vie céleste opulente, et forme un contraste prononcé et une nette déviation de l'attitude de stricte pénitence pour atteindre l'illumination. Tous les bouddhas et bodhisattvas et les autres êtres célestes ont une figure pleine et robuste aux joues colorées, gracieuse et élégante, un reflet des critères esthétiques à la mode sous les Tang. Les créateurs de fresques nous ont montré une magnifique habileté à maîtriser des scènes compliquées et à équilibrer la grandeur colossale des compositions picturales, à agencer les pavillons et résidences de façon à manipuler la profondeur de la composition et exploiter l'ombre des couleurs, et la largeur et la variété des lignes pour représenter différents personnages, ainsi qu'une application claire et exubérante de détails de la vie quotidienne ordinaire pour enrichir et