Les Politiques de la Liberté de Croyance Religieuse en Chine

Dans un pays sous la direction d'un parti politique athée, les religions athéistes peuvent-elles être admises et traitées comme il faut ? En résumé, les politiques religieuses actuellement en vigueur en Chine consistent principalement dans les points suivants :

1. Les citoyens ont la liberté de croire ou de ne pas croire en une religion. On a le droit de choisir et d'exprimer librement sa croyance, et de démontrer son identité religieuse.

2. Il faut séparer la religion et le pouvoir d'Etat. La religion n'est pas permise d'intervenir dans l'administration et dans la justice de l'Etat, tandis que le pouvoir d'Etat n'est pas permis d'intervenir dans les affaires intérieures religieuses, ni de pratiquer ou interdire une religion.

3. La religion est tenue d'exercer ses activités dans le cadre délimité par la Constitution, les lois et les politiques corrélatives. Pendant qu'ils exercent leur droit à la liberté de croyance religieuse, les citoyens ne sont pas permis de profiter de la religion pour se livrer aux activités qui nuisent à l'Etat, à la société ou à d'autres individus. L'Etat protège toutes les activités religieuses dans le cadre délimité par la Constitution, les lois et les politiques corrélatives. Il protège les droits et intérêts légitimes des organisations religieuses tout comme il protège le droit du personnel religieux de remplir les obligations religieuses normales.

4. Toutes les religions sont égales, envers lesquelles le gouvernement doit faire preuve d'impartialité. Quel que soit le nombre de leurs croyants et quelle que soit leur influence, toutes les religions sont égales sur les plans politique et judiciaire.

5. Les athées et les théistes doivent se respecter les uns les autres. Du fait que les athées sont majoritaires en Chine, le gouvernement propose donc ceci : les activités religieuses doivent se dérouler généralement dans les lieux réservés à elles. Personne ne doit aller faire la propagande athée dans les lieux réservés aux activités religieuses, ni mener un débat sur l'athéisme ou le théisme parmi la population croyante. En revanche, aucune organisation religieuse ne doit prêcher, progager la religion ou faire la propagande déiste en dehors des lieux réservés aux activités religieuses.

6. Les diverses religions appliquent les principes d'indépendance, d'autonomie et de création de sociétés religieuses par elles-mêmes. Les forces étrangères ne sont pas permises de profiter de la religion pour intervenir dans les affaires intérieures de la Chine. Sur la base d'égalité et d'amitié, les organisations et les personnalités religieuses de la Chine doivent développer activement des relations et des coopérations avec celles des pays étrangers.

L'histoire d'un village, un échantillon de la coexistence pacifique entre différentes religions dans la société contemporaine

Bingzhongluo se trouve en amont du fleuve Nujiang, où vivaient et se multipliaient les Anong, une branche de l'ethnie nu. Plus tard, avec la migration de Tibétains de côté nord et de Lisu de côté sud vers Bingzhongluo, les Tibétains et les Lisu devinrent petit à petit plus nombreux parmi les voisins et les parents des Anong. Pendant qu'ils achetaient pour leur maison des ustensiles de fer de l'ethnie lisu et des seaux de beurre de l'ethnie tibétaine, ils ajoutaient à la croyance primitive des Anong la croyance aux démons et aux dieux des Lisu et le bouddhisme tibétain des Tibétains. Le bouddhisme tibétain devint plus tard la croyance principale des Anong. A l'époque moderne, le catholicisme et le protestantisme de l'Occident y arrivèrent l'un après l'autre. Après avoir vécu une série de difficultés provisoires, les Anong virent s'ajouter à leur vie « Jésus » et « Marie ».

He Lin est docteur à l'Institut de recherche sur les ethnies relevant de l'Université de Yunnan et au Centre de recherche sur les ethnies minoritaires frontières du Sud-Ouest. En 2005, il s'attarda pendant 12 mois dans les villages des Anong, où il observait et étudiait en profondeur un phénomène - la coexistence pacifique entre différentes croyances religieuses dans la société contemporaine des ethnies minoritaires de la province du Yunnan.

Voici une histoire qu'il raconta sur Bingzhongluo (Bijionglo en langue tibétaine, ou Manbiekong en langue anong) :

De belles fleurs de pêcher s'épanouissent au printemps à Bingzhongluo. On voit se dresser une vieille lamaserie, une église protestante et une église catholique qui sont distantes de moins d'un kilomètre. Si Ton tombe sur une fête, - une fête de la lamaserie, de l'église catholique ou de l'église protestante -, on aperçoit des gens endimanchés qui serpentent en foule le long des sentiers de montagne, et parmi eux il y a des Anong, des Tibétains et des Lisu. Le village Shuangla est un des villages à Bingzhongluo, où se dressent une église protestante et une église catholique, lesquelles se situent de part et d'autre d'une rivière. Des maisons avec toiture en ardoise sont entourées par un champ d'orge du Tibet, le devant et le derrière desquelles sont généralement ornés de Songdebu (Songdebu, langue tibétaine, est un endroit où les familles lamaïstes offrent les sacrifices), ce qui marque la croyance du propriétaire de ces maisons. Mais ce n'est pas tout à fait juste si l'on juge la croyance d'une famille uniquement selon le Songdebu devant ou derrière la maison, une marque lamaïste, la croix peinte sur la porte ou la madone dans la maison, puisqu'il arrive que vous voyez dans de nombreuses familles deux voire trois sortes de ces signes en même temps, ou que vous ne voyez aucun de ces signes. C'est probablement parce que la croyance n'est pas la même pour les membres de la famille.

Si l'on comparait le paradis dans son esprit à une « entente harmonieuse entre l'homme et la nature », le paradis des Anong comprendrait en outre une tolérance réciproque et une harmonie entre les gens, entre l'homme et les divinités, voire entre les divinités. Les étrangers seraient curieux : comment les croyances et les ethnies différentes pourraient-elles parvenir à une « entente harmonieuse » ?

Fin 2004, la population totale de Bingzhongluo était de 6 205 personnes, dont 3 159 Anong, 2 027 Lisu, 520 Tibétains et 305 Derung. Les croyants dans tout le canton étaient de 3 887 personnes, soit 63% de la population totale.

Le groupe qui se déclare « Anong » relève de l'ethnie nu. Les Nu sont des habitants de longue date qui vivent le long du fleuve Nujiang, auquel est dû leur nom. Faute de leur propre écriture, les Anong parlent la langue anong, et presque tout le monde comprend les langues lisu et tibétaine. Us sont de plus en plus nombreux à posséder à fond la langue han.

Le bouddhisme tibétain fut introduit à Bingzhongluo en 1733, où il devint rapidement la principale croyance. Le catholicisme y fut introduit par un missionnaire français en 1889, dont la diffusion provoqua des conflits religieux violents. Sous la pression du gouvernement de la dynastie des Qing et des grandes puissances occidentales, le catholicisme parvint enfin à y prendre pied. Quant au protestantisme, il fut introduit à Bingzhongluo par un missionnaire américain en 1930, dont la diffusion fut assez rapide.

Les Anong se voient dans l'obligation de faire face à ces nombreuses religions. Mais que pensent-ils de cette situation ?

Dans le passé, les Anong expliquèrent par une légende leurs relations avec les Lisu, les Tibétains, les Derung et les Han qui étaient leurs voisins et leurs parents. Selon cette vieille légende, ces ethnies étaient des soeurs et des frères élevés par le même père de la Lune et la même mère du Soleil. Plus tard, les Anong expliquèrent les relations entre différentes religions par une nouvelle légende, selon laquelle le bouddhisme tibétain, le catholicisme et le protestantisme étaient « des frères et des soeurs d'une même famille ».

Voici cette nouvelle légende : Autrefois, la religion des Anong était une famille. Elle était originaire de l'Inde, puis elle se déplaça au Tibet et s'installa au pied du mont Kawagebo. Les parents de cette famille eurent quatre enfants. Ceux-ci s'entendaient mal quand ils grandirent plus tard. Le fils aîné partit pour le fleuve Jinsha et il devint le bouddhisme (le bouddhisme de la langue han) ; le deuxième fils resta au Tibet et il devint le lamaïsme (le bouddhisme tibétain). Les deux filles étaient désobéissantes à leurs parents. L'une fut mise dans un sac en cuir par sa mère avant d'être jetée dans le fleuve Lancang. Elle fut emportée plus tard à la dérive à un endroit appelé la France. L'autre fille fut jetée dans le fleuve Nujiang, et elle arriva au Royaume-Uni. Quelque temps après, les deux filles revinrent à la dérive. L'une fut le catholicisme, et elle se nomma Marie. Elle fut sauvée plus tard par une caravane tibétaine. Par conséquent, le catholicisme fut diffusé dans les premiers temps parmi les Tibétains. L'autre fille devint le protestantisme, et elle arriva à la dérive à l'endroit où vivaient les Lisu. En conséquence, le protestantisme fut diffusé dans les premiers temps parmi les Lisu.

Dans cette légende ci-dessus, les Anong expliquent les relations entre différentes religions par les sentiments de parenté ; parallèlement, ils profitent de scènes familiales pour exprimer les mémoires qu'ils gardent sur les conflits et les luttes qui eurent lieu jadis entre différentes religions, et également pour exprimer leur aspiration à une entente harmonieuse entre ces religions.

Le mardi est une fête foraine à Bingzhongluo. Les gens sont nombreux à venir au marché. Bien qu'ils parlent différentes langues, ils peuvent acheter ou vendre quelque chose, bavarder, manger et boire sans aucune difficulté. Même si leur habillement était pareil, un coup d'oeil vous suffirait pour discerner leurs croyances religieuses respectives : ceux qui portent autour du cou un colier en laine (rouge ou multicolore) sont certes des adeptes du bouddhisme tibétain ; ceux qui ne portent pas de colier mais qui ont la pipe à la bouche ou boivent du vin seraient des catholiques ; ceux qui ne fument ni boivent de vin mais qui boivent uniquement de la limonade devraient être des protestants...

En fait, les Anong conservent encore aujourd'hui dans leur vie quotidienne leur vieille religion primitive, le culte de la nature ; les clercs corrélatifs sont appelés « nanmusa », soit des sorciers.

C'est chez Zhao Guoqiang que les croyances sont les plus variées. Ses premier et deuxième fils sont catholiques, ils vont tous les dimanches à l'église ; sa fille cadette et son mari sont bouddhistes tibétains ; son épouse et sa bru sont protestantes, elles vont à la messe le mercredi soir et le dimanche. Quant à Zhao Guoqiang lui-même, il est athée et il ne va nulle part. Il reste à la maison pour arranger les travaux agricoles.

Les différentes religions d'ici ne se fréquentent pas, même pour le catholicisme et le protestantisme qui sont de la même origine. Elles n'ont même pas de rapports réciproques en ce qui concerne les cérémonies religieuses. Dans ce cas-là, comment les adeptes de différentes religions parviennent-ils à être comme les deux doigts de la main ? En fait à Bingzhongluo, il est impossible de voir un protestant qui entre dans une église ca-tholique ni un catholique qui entre dans une église protestante. Naturellement, il est aussi impossible de voir un adepte protestant ou catholique qui assiste à la lecture des canons lamaïstes. Ici, le prê-tre de l'église catholique et le pasteur de l'église protestante reconnaissent tous les deux qu'ils n'ont aucun rapport sur le plan religieux, et qu'ils ne mènent pas d'activités de coopération même pour la fête de Noël. Or, lors de l'inauguration de l'église catholique en 1996, l'église protestante de Shuangla y envoya un délégué avec un cadeau de félicitations. C'est de cette manière que les Anong s'entraident souvent ou adressent les félicitations à leurs parents, amis et voisins. Cela montre que les Anong distinguent nettement la religion de la vie quotidienne, et que personne ne fait une affaire qui ne rentre pas dans ses obligations.

Il est impossible qu'un Anong croie en même temps en deux ou plus de religions. Ils sont fort fidèles à leur croyance. Pourtant, en raison de leur souvenir impérissable du désaccord légendaire entre « les frères et soeurs », et de leur aspiration à une vie pacifique, les Anong cherchent toujours à réaliser leur rêve qui consiste dans une entente harmonieuse entre différentes religions.

La République Populaire de Chine est un pays multi- ethnique I ^unifié fondé en commun par toutes les ethnies du pays, et aussi un pays avec une coexistence de multiples religions. Depuis longtemps, toutes les ethnies se dépendent l'un de l'autre, s'échangent et s'intègrent, partagent les joies et les peines, donnent la structure de la nation chinoise multi ethnique, créent ensemble la civilisation chinoise brillante et millénaire. La République Populaire de Chine pratique la politique de l'égalité, l'union et l'entraide des ethnies, respecte et protège le droit de la liberté des croyances religieuses, accélère l'harmonie des ethnies, accélère le développement global de la politique, l'économie, et la culture des minorités nationales.