Les Religions en Chine

Les Chinois n'ont-ils pas de croyance ?

Estatua de Confucio

Confucio

La presse chinoise fit l'autre jour un reportage, selon lequel les Africains ont l'impression que les Chinois n'ont pas de croyance, puisqu'en Afrique, si l'on veut aller régler une affaire dans un organisme administratif, il faut remplir une série de formulaires. L'un des articles dans ces formulaires concerne la croyance religieuse. Les Chinois qui travaillent en Afrique laissent un blanc dans cet article lorsqu'ils remplissent des formulaires. Les Africains n'y comprennent rien : comment est-il possible qu'un homme n'ait pas de croyance ? Qui pis est, les Chinois choisissent d'aller au travail au lieu d'aller à l'église le dimanche. Ce qui rend les Africains perplexes en ce qui concerne l'attitude des Chinois envers la vie.

Est-il vrai que les Chinois n'ont pas de croyance ? Pour expliquer clairement cette question, il faut se doter de connaissances historiques.

Dans de nombreuses régions du monde, l'imagination que l'on a sur la Chine est liée à Confucius, qui est presque synonyme de la culture chinoise. En effet, la doctrine de ce penseur qui vécut il y a plus de 2 500 ans exerça une influence importante sur la culture chinoise. Dans une certaine mesure, on pourrait prétendre que la vie des Chinois résulte du modelage de la culture confucéenne.

D'une attitude raisonnable, la culture confucéenne traite la société et la vie, elle s'attache à la politique, à l'éthique et à la morale dans la réalité. Elle croit que la raison de l'humanité suffit pour endosser le bonheur d'une personne, et que l'aspiration à la morale aide à réaliser le surpassement de soi. Par conséquent, la culture confucéenne n'aspire pas au bonheur du nirvana.

Comment la culture occidentale considère-t-elle la culture confucéenne ? Déjà aux XVIe et XVIP siècles, la philosophie confucéenne inspira profondément les philosophes des Lumières en Europe. Selon Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646 - 1716), un génie encyclopédique, l'éthique confucéenne est une éthique basée sur la raison, la Chine est un pays proche du « pays idéalisé », qui réalisa plus ou moins « l'Etat idéal » de Platon. Voltaire (1694 - 1778), un autre grand philosophe, préconise encore davantage la philosophie confucéenne. Il écrivit : « Ce que les Chinois, instruits par Confucius, connais-sent le plus profondément, cultivent avec le maximum de soins et perfectionnent avec le maximum d'efforts, ce sont la morale et la loi... L'époque la plus heureuse et la plus respectable que notre monde ait connue, c'est celle où l'on menait la loi de Confucius. »

Grottes de Yungang, Datong

Grottes de Yungang, Datong

Ce qui est intéressant, c'est que la philosophie confucéenne, qui n'aspirait pas à la vie du nirvana, fut transformée plus tard en un système religieux, le confucianisme. Mais le « confucianisme » existe-il vraiment en Chine ? Cela demeure une question qui fait polémique même jusqu'à aujourd'hui. De toutes façons, une tradition se maintient effectivement en Chine, selon laquelle on appelle ensemble « le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme » les « trois religions ». Parmi le peuple chinois, on considérait jadis les Quatre Livres et les Cinq Classiques comme les classiques du confucianisme, le sacrifice offert à Confucius et aux ancêtres comme une cérémonie religieuse prescrite. Malgré tout cela, la philosophie confucéenne, par sa nature, est une science relative à la vie. Tout en combinant la poursuite de la perfection morale avec l'acquistion de connaissances, elle règle à la fois des questions liées à la croyance et des questions liées au savoir, si bien qu'elle est à la fois une philosophie et une religion.

Dans la Chine ancienne, il y avait un parcours d'évolution culturelle qui était indépendant de l'histoire idéologique occidentale. En ce qui concerne la religion, si l'on considérait machinalement les questions chinoises avec les idées occidentales, on n'y aboutirait pas, car la culture chinoise se dote de ses propres caractéristiques.

La croyance religieuse des Chinois

L'influence profonde de la culture confucéenne ou du confucianisme en Chine ne signifie pas pourtant que les Chinois n'ont pas de religion. En fait, cinq grandes religions régnent dans la société chinoise. En outre, il existe également d'innombrables croyances populaires en Chine.

Le bouddhisme fut introduit de l'Inde en Chine au Ier siècle de notre ère, puis il devint la plus grande religion en Chine. Jusqu'à ce jour, la Chine totalise 13 000 monastères bouddhiques avec environ 200 000 bonzes et bonzesses. Du fait que les adeptes bouddhiques ne pratiquent pas les rites initiatiques au sens strict, il est donc impossible d'avoir de statistiques exactes sur leur nombre de personnes. Selon les statistiques de l'Association des bouddhistes de Chine, une organisation nationale pour les milieux du bouddhisme en Chine, les adeptes bouddhiques chinois sont de l'ordre de 100 millions de personnes.

Immortels adorés par le taoïsme

Immortels adorés par le taoïsme

Le taoïsme, né au IIe siècle de notre ère, est une religion locale propre à la Chine, qui se base sur la vieille philosophie taoïste chinoise. La Chine compte actuellement plus de 1 500 temples taoïstes avec plus de 25 000 prêtres. De même que les adeptes bouddhiques, les adeptes taoïstes ne pratiquent pas les rites ini-tiatiques au sens strict, il est difficile d'évaluer leur nombre exact en Chine.

L'islamisme fut introduit en Chine au VIIe siècle de notre ère. Les croyants islamiques chinois sont répartis principalement parmi les dix ethnies minoritaires. Lorsqu'on veut compter le nombre des musulmans chinois, il suffit généralement de faire référence à la population totale de ces dix ethnies, laquelle totalise 20 millions de personnes.

Le catholicisme ouvrit la porte de la Chine au XIIIe siècle, mais où il n'arriva pas à s'implanter solidement. A travers tant de vicissitudes, dans les années 1840, les missionnaires catholiques entrèrent massivement dans la Chine. A l'heure actuelle, la Chine compte plus de 5 600 églises catholiques avec plus de 5 millions de croyants.

Le protestantisme fut introduit en Chine en 1807. Son déve-loppement est le plus rapide parmi les cinq grandes religions en Chine. Jusqu'en 2002, la Chine comptait presque 50 000 églises protestantes avec plus de 16 millions de protestants.

En Chine, le nombre total des Han qui professent une religion est assez nombreux, mais leur proportion dans la population croyante totale n'est pas élevée, moins de 10%. En revanche, en ce qui concerne les ethnies minoritaires chinoises, non seulement la proportion de leur population croyante est élevée, mais encore leur croyance est plus fervente. Selon des documents, parmi les 55 ethnies minoritaires, la proportion des croyants religieux dans leur population totale est supérieure à 50% ; on en compte plus de 20 ethnies dont toute la population était jadis croyante. Aujourd'hui encore, la population croyante de ces ethnies demeure absolument majoritaire.

Les politiques de la liberté de croyance religieuse en Chine

Dans un pays sous la direction d'un parti politique athée, les religions athéistes peuvent-elles être admises et traitées comme il faut ? En résumé, les politiques religieuses actuellement en vigueur en Chine consistent principalement dans les points suivants :

1. Les citoyens ont la liberté de croire ou de ne pas croire en une religion. On a le droit de choisir et d'exprimer librement sa croyance, et de démontrer son identité religieuse.

2. Il faut séparer la religion et le pouvoir d'Etat. La religion n'est pas permise d'intervenir dans l'administration et dans la justice de l'Etat, tandis que le pouvoir d'Etat n'est pas permis d'intervenir dans les affaires intérieures religieuses, ni de pratiquer ou interdire une religion. Voir plus