Ouvrages scientifiques de la Chine antique

Les documents scientifiques et les découvertes archéologiques jouent un rôle majeur dans la recherche sur l'histoire des sciences. Les ouvrages scientifiques et technologiques permettent aux chercheurs de redécouvrir un grand nombre d'inventions et de découvertes égarées. Ci-dessous sont présentés les dix ouvrages les plus importants de la Chine antique.

Rapport sur l'examen des métiers (Kao Gong Ji)

Cet ouvrage scientifique et technologique majeur fait partie des classiques rédigés avant la dynastie des Qin. Son auteur reste inconnu. D'après les savants, il s'agit d'un document officiel du royaume de Qi rédigé à l'époque des Printemps et Automnes. Il servait probablement à orienter le secteur artisanal et à contrôler les artisans. Sous les Han, il a été inséré dans le Zhou Li (Rites des Zhou), à la place d'un chapitre perdu correspondant au chapitre Dongguan (Officiers de l'hiver). Le livre traite de la menuiserie, de l'orfèvrerie, de la tannerie, de la peinture, du finissage et de la céramique, etc. Il répertorie également les processus de fabrication des véhicules, des armes et des instruments musicaux ainsi que les méthodes de construction.

Traité de médecine interne de l'empereur Jaune (Huangdi Nei Jing)

Ce livre, l'un des plus anciens ouvrages de médecine chinoise traditionnelle, se divise en deux parties : Su Wen et Ling Shu.

Rédigé entre le IVe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle Ouvrages scientifiques de la Chine antiqueaprès J.-C, il a été écrit sous le nom de l'empereur Jaune. L'ouvrage fait le bilan des expériences et des connaissances théoriques des ancêtres chinois dans la lutte contre les maladies, et jette une base pour la médecine traditionnelle chinoise. Su Wen traite principalement des théories fondamentales de la médecine, et Ling Shu, de l'acupuncture. Basé sur le matérialisme dialectique primitif, l'ensemble du livre expose la physiologie et les pathologies humaines, le yin et le yang, les Cinq éléments, la corrélation entre l'homme et la nature, les organes et entrailles, les méridiens, les méthodes de diagnostic, l'administration du traitement selon les symptômes, les principes de la prescription, et l'acupuncture. Il avance d'ailleurs pour la première fois le concept de circulation du sang. L'ouvrage présente les symptômes de 310 maladies internes, externes, pédiatriques, gynécologiques, etc. Il insiste sur l'intégration de la théorie et de la pratique qui joue toujours un rôle directeur dans la médecine traditionnelle chinoise d'aujourd'hui.

Traité des maladies fébriles et des maladies diverses (Shanghan ZabingLun)

Ce classique médical a été écrit par Zhang Zhongjing (ul50-219) vers la fin de la dynastie des Han de l'Est. De ce livre ont été tirés deux ouvrages : Traité sur les maladies fébriles causées par le froid {Shanghan Lun) et Prescriptions essentielles du coffre d'or (Jingui Yaoliie). Le premier analyse toutes sortes de fièvres en vertu de la théorie des six méridiens, tandis que le second distingue les diverses maladies en vertu des changements pathologiques des organes et entrailles et répertorie plus de 40 maladies et 200 prescriptions. Dans son ouvrage, Zhang Zhongjing explique le système théorique de la médecine chinoise et ses principes thérapeutiques, selon lesquels le diagnostic et le traitement doivent se baser sur une analyse globale des signes et des symptômes. Le livre fournit certaines méthodes scientifiques pour les traitements urgents tels que le traitement de la tentative de suicide par pendaison et la respiration artificielle. En ce qui concerne les formes de médicaments, le livre présente la décoction, le comprimé, la poudre, la solution alcoolique, la lotion, le fumigatoire, les gouttes pour les oreilles, les gouttes pour le nez, le suppositoire, le médicament destiné au lavement intestinal, et la pommade.

Agronomie essentielle pour le commun du peuple (Qimin Yaoshu)

Il s'agit du premier livre chinois sur l'agriculture resté intact jusqu'à nos jours. Son auteur, Jia Sixie, était un officier de la dynastie des Wei du Nord ainsi qu'un exploitant agricole. Ecrit de 533 à 544, ce livre est constitué de 10 tomes, et comprend 110 000 caractères chinois. En faisant le bilan des expériences de production agricole sur les cours moyen et inférieur du fleuve Jaune, ses 92 articles exposent respectivement la culture des céréales, des légumes, des fruitiers, des bambous et des arbres ainsi que l'élevage du bétail, de la volaille et des poissons, la transformation des produits agricoles, la fabrication de l'alcool et les activités auxiliaires. Tout cela montre que l'agriculture était déjà bien avancée en Chine à cette époque.

Propos notés au Pavillon du ruisseau des rêves (Mengxi Bitan)

Ce livre a été rédigé par Shen Kuo Ouvrages scientifiques de la Chine antique (1031-1095), homme de science sous les Song du Nord, dans son pavillon « Ruisseau de rêve » de Runzhou (actuel Zhenjiang, dans le Jiangsu) ; c'est d'ailleurs ce qui a inspiré le titre de l'œuvre. Cet ouvrage en 30 tomes comprend 609 entrées concernant l'astronomie, les mathématiques, la physique, la chimie, la biologie, la géologie, la géographie, la météorologie, la médecine, l'agriculture, l'ingénierie, la littérature, l'histoire, la musique et les beaux-arts. Dans la partie dédiée aux sciences naturelles, l'auteur répertorie les accomplissements scientifiques de la Chine antique, principalement sous la dynastie des Song du Nord, par exemple l'imprimerie à caractères mobiles de Bi Sheng ou encore les techniques de la fonte du fer et du cuivre. Il développe les applications du pétrole et utilise pour la première fois le terme shiyou (dont le sens littéral est « huile de pierre » et que les Chinois utilisent toujours). Cet ouvrage explique également certains phénomènes naturels, par exemple, que l'arc-en-ciel résulte de la dispersion de la lumière du soleil par réfraction et réflexion dans des gouttelettes d'eau ; que la marée est due à l'attraction de la lune ; que l'élément principal du météorite tombé à Changzhou est le fer ; et que la topographie d'un sol est soumise à l'érosion créée par le ruissellement de l'eau. Shen Kuo est la première personne à avoir découvert la variation magnétique. Il explique également les principes de la lentille optique et du phénomène de résonance.

Normes de construction (Yingzao Fashi)

Cet ouvrage spécialisé sur l'architecture a été publié sous les Song du Nord. La première version a été réalisée en 1091 par le département de construction gouvernemental. Elle a été rééditée plus tard par Li Jie (?-U10), et publiée de nouveau en 1103. Cet ouvrage en 34 tomes propose 357 articles et 3 555 entrées, divisées en cinq parties faisant référence aux normes et aux termes architecturaux, aux règlements, aux matériaux et aux plans. Il traite en détail des travaux de pierre, de bois, de bambou et de terre, ainsi que des processus et des spécifications de construction, comme par exemple ceux de la sculpture architecturale et ceux de la peinture décorative. D'ailleurs, le livre donne également des précisions concernant le recrutement de la main-d'œuvre et les matériaux à utiliser. En tant que bilan des expériences des ouvriers habiles et des artisans ingénieux, il stipule les normes architecturales officielles de la Plaine centrale de Chine à son époque. Le nombre important des plans de conception et des données sur les bâtiments traditionnels et leur décoration comprises dans cet ouvrage font de lui une référence pour la recherche sur l'histoire de l'architecture chinoise.

Ouvrages scientifiques de la Chine antique
Illustrations tirées de Normes de construction.

Traité de l'agriculture (NongShu)

Cet ouvrage agronomique a été écrit par Wang Zhen sous la dynastie des Yuan. En tant que fonctionnaire de district en charge de diriger la production agricole locale, il a passé beaucoup de temps à étudier l'agriculture et a achevé son livre en 1313. Celui-ci est constitué de trois parties : la première partie expose tous les aspects de l'agriculture en général ; la deuxième, la culture des céréales, des légumes,des fruits, du bambou et du bois ; et la troisième, partie la plus importante, présente l'outillage agricole avec plus de 270 illustrations. Certains outils ayant été perdus depuis plusieurs générations, ce livre reste un document très précieux. L'auteur compare l'agriculture du sud de la Chine et celle du nord, notamment en ce qui concerne les différences entre outils agricoles ainsi que leurs avantages et leurs désavantages. Wang était également un spécialiste en impression. Dans l'appendice de l'ouvrage, il mentionne l'usage des caractères mobiles et propose l'emploi d'une casse tournante pour les caractères classés par rimes.

Compendium de Materia Medica (Bencao Gangmu)

Ecrit par Li Shizhen (1518-1593) sous les Ming, cet ouvrage en 52 tomes comprenant 1,92 million de caractères consigne 1 892 matières médicinales, dont quelque 300 à 400 ont été découverts par l'auteur lui-même. Pour chaque matière médicinale, Li détermine d'abord un nom, puis présente le lieu d'origine, la morphologie, ainsi que la méthode de culture et de ramassage. Ensuite, il distingue les vraies variétés des fausses variétés tout en corrigeant les erreurs des classiques médicinaux précédents. Le livre explique également comment préparer des médicaments et présente les propriétés et les fonctions de chacun. On y trouve plus de 11 000 ordonnances avec quelque 1 100 illustrations de matières médicinales. L'ouvrage dresse le bilan des accomplissements médicaux et botaniques en Chine avant le XVIe siècle. Publié pour la première fois en 1596, et traduit en japonais en 1607, ce livre dispose aujourd'hui de sept versions en langues différentes, dont le chinois, l'anglais, le français, l'allemand, le japonais et le russe. Charles Darwin (1809-1882) appréciait hautement cet ouvrage, le considérant comme l'encyclopédie pharmacologique de la Chine.

Créations de la nature et du travail de l'homme (Tiangong Kaiwu)

Ce livre a été écrit par Song Ouvrages scientifiques de la Chine antiqueYingxing (1587-1661), un érudit de la dynastie des Ming, et publié en 1637. Composé de trois parties divisées en 18 tomes, il présente de manière systémique et à travers 121 illustrations les techniques et les expériences de l'agriculture et de l'artisanat chinois. La première partie aborde la culture des céréales, du coton et du chanvre, la sériciculture, la filature de la soie, la teinture, la transformation agro-alimentaire, la production du sel et du sucre, etc. La deuxième partie présente la production des briques, des tuiles, de la poterie, des objets en fer, des bateaux, des véhicules, de la chaux, du charbon, du soufre, de l'huile, des bougies et du papier. La troisième partie aborde l'extraction des minerais, la fonte des métaux, la

production des armes, de la poudre, de l'encre et des colorants ainsi que la taille des perles et des jades. Le livre couvre 130 secteurs de production, avec une description détaillée sur les techniques, les types de matériaux, leur quantité et origine, les outils et les processus. Avec un langage concis, l'auteur fait un bilan des techniques mondialement avancées de son époque. Très peu de temps après sa publication, l'ouvrage a attiré l'attention des autres pays et a été traduit en plusieurs langues étrangères. Mais, il a été perdu en Chine depuis plusieurs générations. C'est seulement en 1920 qu'il a été de nouveau traduit en chinois grâce à la version japonaise.

Traité complet d'agronomie (Nongzheng Quanshu)

Son auteur, Xu Guangqi (1562-1633), est né à Songjiang, dans le Jiangsu, région où l'agriculture était bien développée. C'était un homme passionné par l'agriculture. Ce sont les expérimentations agricoles, mises en œuvre dans son pays natal et à Tianjin, qui

lui ont permis d'accomplir ce travail encyclopédique. Cependant, Xu est décédé avant la publication de son livre. Ce dernier a donc vu le jour en 1639 grâce à l'aide de ses amis. Constitué de 60 tomes regroupant plus de 700 000 caractères, il couvre des thèmes tels que la culture, le système de division des champs, l'aménagement et l'exploitation des eaux, les instruments agricoles, la sylviculture, la production de la soie, l'élevage, l'assistance gouvernementale en temps de famine, etc. En plus de ses propres expériences sur la culture des céréales et du coton, Xu a attaché, dans son ouvrage, une grande importance à la recherche sur les systèmes d'irrigation et l'assistance du gouvernement en temps de famine. Il a étudié les grandes années de famine de l'histoire chinoise, et s'est penché sur 111 cas de fléaux de sauterelle. D'après lui, la construction de travaux hydrauliques devait permettre de lutter contre la famine. Par exemple, pour éliminer la famine dans le nord-ouest de la Chine, il était préférable de construire des ouvrages hydrauliques pour augmenter la production en grains au lieu de faire venir des graines de la région sud-est à prix coûteux. Outre les avis de l'auteur, ce grand ouvrage agronomique rassemble également un grand nombre de documents datant des Ming et des dynasties précédentes.