Morale et Musique dans le Confucianisme

Morale est le terme générique désignant les rites liés à la vie quotidienne et aux activités sociales, rites utilisés comme des codes de conduite humaine. Le duc de Zhou (Zhougong) demanda qu'on établisse les rites et la musique en même temps afin d'éduquer le peuple par la discipline et l'autodiscipline. La musique pourrait être utilisée pour corriger le tempérament des gens, tandis que les rites serviraient à régler les agissements. Par conséquent, les gens seraient prêts à obéir aux codes sociaux et éthiques et à agir de façon appropriée. La société serait ainsi stable et le peuple vivrait une vie tranquille.

On dit que Confucius fit un jour une liste de musique shao, une musique si merveilleuse que le sage n'eut « plus envie de manger de viande ». Confucius aimait beaucoup la musique. Il indiqua : « C'est par les Odes que l'esprit s'éveille. C'est par les Règles morales que le caractère se forme. C'est de la Musique que provient le fini qu'il reçoit. » Cette pensée est devenue une importante règle pour développer l'humanité. Selon cette opinion, la musique était importante dans le développement d'une personnalité imposante et de l'élévation morale. Confucius croyait que la musique pouvait jouer un grand rôle dans l'autodéveloppement et la sauvegarde de la stabilité d'un État.

Morale et Musique dans le Confucianisme
La peinture Les Traces du Sage de la dynastie des Ming montre Confucius parlant de musique avec le Grand Tuteur du royaume de Qi. Confucius était si obsédé par la musique shao (un type de musique sous le règne de l'empereur Shundi), que pendant trois mois il n'eut « plus envie de viande ».

Dans les Entretiens de Confucius il est dit que quand un chant était bon, Confucius demandait qu'on le répète et ensuite, il se joignait aux interprètes. Cela montre que Confucius aimait la musique et respectait les chanteurs. Toutefois, ses idées sur la musique avaient aussi quelque chose à faire avec la hiérarchie. Confucius disait du chef de la famille Ji, qui comptait huit générations de pantomimes dans sa région : « S'il a pu réaliser cela, qu'est-ce qu'il ne pourrait pas faire ? » Dans cette anecdote, Confucius exprimait que le chef de la famille Ji ne devait pas

goûter seul la musique réservée au roi, que ce serait au mépris du roi.

Confucius a dit : « Si un homme ne possède pas les vertus propres à l'humanité, qu'a-t-il donc à voir avec les rites de la moralité ? Si un homme ne possède pas les vertus propres à l'humanité, qu'a-t-il donc à faire avec la musique ? » Il valorisait hautement le développement de la musique par l'établissement de rites et le gouvernement du pays par la morale et la musique. La fonction de la musique était aussi mentionnée dans les Entretiens de Confucius. Par exemple, « Le premier à observer les règles morales et à jouer de la musique fut l'homme du peuple ; ensuite vinrent les nobles. En mettant le rituel et la musique en usage, je suivrais d'abord ceux qui furent les premiers. » Cela montre que Confucius considérait la musique comme l'un des critères les plus importants de la reconnaissance d'une personne de valeur.

Les idées de Confucius au sujet de la musique peuvent paraitre conservatrices et rétrogrades. Il insistait sur « être heureux mais non lascif, et sentimental mais non mièvre. » La musique devrait servir à exprimer les sentiments humains modérés et sociables plutôt que les émotions excessives et animales. Confucius disait que la musique devait avoir un son de paix et d'harmonie, et il recommandait siwuxie (pensées libres d'intention mauvaise) et wuxie (rites), en ce qui concerne le contenu de la musique. C'est-à-dire que la musique devrait être en accord avec les rites et non violer l'étiquette sociale, et devrait être une incarnation harmonieuse de la beauté et de la bonté.

Dans la perspective de la bonne nature humaine, Mencius considérait la musique comme une voie naturelle par laquelle les gens pouvaient exprimer leur soif de bonheur. Aimer la belle musique est dans la nature de l'homme. Parallèlement, Mencius soulignait le rôle éducatif de la musique, insistant sur le fait que la musique était plus touchante que les discours moraux. Aux yeux de Mencius, « partager le bonheur avec les autres » était la clé anciennement comme actuellement. Cela coïncidait avec la pensée populaire profondément enracinée que « les gens sont les plus importants éléments d'un pays ; ensuite viennent les dieux de la terre et des céréales ; et après eux, le dirigeant lui-même. » Les idées de Confucius et Mencius au sujet de la musique n'étaient que des mots isolés et non systématiques. Toutefois, sur cette base, les confucéens des générations suivantes développèrent une philosophie de la musique relativement complète.

Morale et Musique dans le Confucianisme
Xunzi, un représentant du confucianisme, a écrit De la musique, un livre sur les règles générales et la fonction sociale de la musique.

Yuelun (De la musique) écrit par Xunzi et Le Livre de la musique achevé sous la dynastie des Han de l'Ouest (206 av. notre ère-25 de notre ère) résument et développent les premières idées confucéennes sur la musique. Le Livre de la musique soutient que la musique est quelque chose de subjectif affecté par des matières objectives, et que « seulement la musique ne peut être déguisée ; la musique est la révélation des véritables sentiments. » Shangshu-Yaodian, un ouvrage classique de la période pré-Qin, disait que la musique était « un lien avec les dieux et les démons » et qu'elle « pouvait inspirer les danses de toutes les bêtes. »

Xunzi dit dans Yuelun : « La musique peut toucher profondément le cœur des gens et jouer rapidement son rôle éducatif. ». On y trouve plusieurs idées de Confucius devenues par la suite la théorie musicale de Fajia (École légaliste). Xunzi croyait que l'homme a inévitablement besoin de la musique. Mais pour écarter l'immoralité et le chaos, « le Ya et le Song doivent être formulés afin de guider le développement de la musique », et « des efforts doivent être faits pour toucher le bon côté de la nature humaine et ainsi garder la musique loin des esprits mauvais. » Xunzi s'opposait à la « musique obscène », la « musique du mal » et « la musique des royaumes de Zheng et de Wei », qui réfèrent, en fait, à la musique populaire. Il disait que la musique « pouvait éduquer le peuple et l'émouvoir profondément », et « transformer les mœurs et habitudes dépassées ». La fonction sociale de la musique était donc élevée au rang d'éducation politique.

En un mot, les confucéens de la période pré-Qin considéraient que « les rites devraient être utilisés pour contrôler les agissements du peuple, et la musique, pour unifier les voix du peuple. » La musique rituelle devrait être à la portée du peuple comme instrument d'amélioration personnelle. Le concept confucéen de « s'autodévelopper, mettre de l'ordre dans la famille, gouverner le pays et stabiliser le monde » - impliquant tous les aspects de l'autodéveloppement et de l'harmonie sociale à la civilisation politique et à la paix mondiale - qui courent à travers les idées de la musique rituelle, reflète la reconnaissance par les confucéens du rôle social de la musique en tout et partout.