La dynastie des Qin (221-206 av. notre ère), un empire centralisé, fut la première à établir un organisme officiel - un institut de musique - afin de gérer la musique pour l'unification politique autant que culturelle. L'organisme, héritant du système de collection de la dynastie des Zhou, était surtout responsable de recueillir, organiser et adapter la musique populaire et de former des musiciens pour les occasions comme les banquets, les sacrifices et les cérémonies de félicitations.
L'institut de musique se développa davantage sous la dynastie des Han (206 av. notre ère-220 de notre ère). L'empereur Wudi des Han accorda une attention particulière à la musique populaire et, pour cette raison, étendit les fonctions de l'institut de musique et ordonna la collecte de chansons populaires de groupes ethniques comme les Beidi, et des régions éloignées de l'ouest du pays. Par conséquent, des pièces comme Shen Lai Yan Xi (Divertir les dieux quand ils viendront) et Cheng Xuan Si Long (Chevaucher les dragons) de Anshi Fangzhong Yue (La poésie de salon de l'âge de paix) et Jiaosi Yue (Musique rurale de sacrifice) accompagnaient une sorcière magnifiquement vêtue qui chantait en dansant gracieusement au clair de lune, et pouvaient être entendues partout de la banlieue de Chang'an jusqu'au pavillon Heqin, salle antérieure du palais impérial. La majeure partie de la musique évoquait le monde romantique et splendide des immortels comme celui que reflètent Les neufs chants de Qu Yuan. De plus, des chansons et des danses improvisées servaient à exprimer directement les sentiments face à la vie réelle, comme Chanson du grand vent et d'autres chansons populaires de partout au pays. Imprégné d'un profond sens de la réalité, ce type de musique plongeait ses racines surtout dans les sentiments et la vie quotidienne.
La plus célèbre forme de musique de l'institut de musique était le xianghe ge (Chant de l'harmonie), qui évolua du tu ge (a cappella), soit sans accompagnement instrumental mais « un qui chante et trois qui font écho », vers le xianghe ge accompagné d'instruments comme le si et le zhu. Dans la grande suite xianghe, plusieurs tonalités différentes furent identifiées et reçurent un nom propre. L'Ode à Shanglin, écrite par Sima Xiangru, décrivait une grande scène de l'institut de musique de la dynastie des Han de l'Ouest : revenant de la chasse, l'empereur fut emmené sur la plateforme surélevée pour un spectacle. En bas, on frappait un énorme carillon de cloches constitué de milliers de pierres et battait d'immenses tambours divins - tambours tuo - décorés de plumes dansantes. Le chant et l'écho d'un grand nombre de personnes étaient assez puissants pour faire trembler monts et rivières. Les chanteurs et danseurs, comme les attrayantes fées Qing Qin et Mi Fei, dansaient sur de la musique ancienne comme shao, huo, uni et xiang, et sur de la musique de différents styles de diverses parties du pays. Aussi, les tours de magie des paiyou (anciens clowns), homunculi et xiangren (acteurs portant des masques d'animaux) venus des régions occidentales semaient la joie dans le public et le divertissaient. La dynastie des Han connut également la popularité de la musique guchui (tambour et instrument à vent) qui se présentait sous de multiples formes comme hengchui, qichui et huangtnen guichui. Ce type de musique était joué à dos de cheval ou dans un défilé, lors de cérémonies militaires ou de banquets à la cour. Le guchui était étroitement associé aux chansons populaires, avec ses thèmes d'amour et d'anti-guerre, et les sujets apparaissaient même dans la musique militaire des Han, comme shangye (pièce de musique nao) qui chantait l'éternité de l'amour, et ziliuma (pièce de musique hengchui) dont le texte parle de « s'engager dans l'armée à 15 ans et revenir à 80 ».