Intégration des Cultures Musicales: Début de la Communication

Les échanges culturels en musique entre le peuple chinois et d'autres peuples dans les temps anciens ont été enregistrés dans les Annales des Printemps et Automnes de Lu : Musique ancienne. On y voit l'empereur Jaune confier au musicien Ling Lun la tâche de créer la théorie du « tempérament égal » qui divise l'octave en douze intervalles chromatiques, c'est-à-dire les douze sons qui proviennent de douze tuyaux de bambou, et de créer de la musique. Ling Lun se mit donc en route vers l'ouest, d'un endroit nommé Daxia jusqu'au versant nord des monts Kunlun où il trouva des bambous dans les ruisseaux. Aujourd'hui, les milieux académiques au pays et à l'étranger diffèrent d'opinion sur l'endroit où arriva Ling Lun. Certains supposent que Ling Lun atteignit un ancien pays à l'ouest du mont Congling, aujourd'hui le nord de l'Afghanistan ; d'autres pensent qu'il parvint à la partie sud-est de la province du Gansu de Chine. Quoi qu'il en soit, le document révèle que les Plaines centrales économiquement et culturellement avancées devinrent un centre de la culture musicale de la Chine il y a 4 000 ans. Il n'y a pas de doute que les tribus des Plaines centrales avaient de fréquents échanges musicaux avec celles de la périphérie.

En 200 av. notre ère sous la dynastie des Han de l'Ouest, Zhang Qian fut envoyé deux fois en mission diplomatique dans les Régions occidentales. Lors de sa première mission, la Chine établit un contact direct avec les civilisations des Régions occidentales de la Chine. Par la suite, les pays d'Asie centrale et d'Asie de l'Ouest introduisirent leurs instruments, leurs chants et danses dans les Plaines centrales par la Route de la soie, apportant une couleur nouvelle à la musique chinoise. Au milieu du Y' siècle, sous les dynasties du Sud, la musique bouddhiste arriva de Tianzhu (l'Inde actuelle) en Chine. Les moines chantaient pour attirer le public et répandre la doctrine bouddhiste. Parallèlement, les moines chinois traduisirent les chants sanskrits en chinois et les interprétèrent en mélodies chinoises.

Depuis la dynastie des Wei du Nord (386-534), la musique guizi originaire des Régions occidentales où elle constituait le chef-d'œuvre des ethnies minoritaires, domina dans les Plaines centrales, avec d'autre musique étrangère, posant les bases du développement de la musique de cour des dynasties des Sui et des Tang. Durant les trois siècles de ces dynasties, les échanges sino-étrangers en musique atteignirent un sommet sans précédent. La Route de la soie terrestre s'étira jusqu'aux Régions occidentales et jusqu'en Europe même. C'est par elle que le christianisme d'Europe parvint en Chine, et avec lui les hymnes chrétiens. Parallèlement, la Route de la soie maritime lia la Chine à ses voisins, le Japon et la Corée. Sous les dynasties des Sui et des Tang, la musique Anguo, la musique Tianzhu, la musique coréenne et la musique Funan (Cambodge actuel) furent largement incorporées à la musique de la cour impériale comme Sept types de musique, Neuf types de musique et Dix types de musique, qui devinrent des pièces populaires de chant et danse de la société de l'époque.

Mélodie de la robe de plumes blanches composée par l'empereur Xuanzong de la dynastie des Tang incarne l'introduction et l'influence de la musique indienne. L'empereur Xuanzong avait une imagination fantaisiste. Quand il monta au pavillon Sanxiang et regarda au loin le mont Nùer dans la période Kaiyuan, il fut inspiré et commença à composer Mélodie de la robe de plumes blanches. Par hasard, Yang Jingshu, général de la préfecture de Xiliang, lui présenta Mélodie brahmane. L'empereur découvrit que la mélodie indienne avait quelques notes qui coïncidaient avec sa composition et l'incorpora dans sa Mélodie de la robe de plumes blanches.

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Grotte rf 296 de Mogao à Dunhuang : Des marchands vont et viennent le long de la Route de la soie.

La stèle à Daqin qui fut le mémorial de la propagation en Chine du nestoriarùsme est une preuve que le christianisme fut introduit en Chine au début de la dynastie des Tang. Daqin réfère à l'empire romain, et le nestorianisme est une religion chrétienne. Au IXe siècle, les hymnes chrétiens se répandirent dans les églises nestoriennes et, par elles, furent introduits en Chine. Ces hymnes sont une borne dans l'histoire des échanges musicaux sino-étrangers.

Après la fondation de la dynastie des Qing, un nombre croissant de missionnaires du monde entier vinrent en Chine, et apportèrent des hymnes et des instruments de musique occidentaux. Mais l'expansion demeura limitée vu le but particulier de la musique religieuse et eut peu d'influence sur la société en général. Le premier signalement d'un instrument occidental à cordes et à clavier remonte à 1601. C'est l'année où Matteo Ricci vint à Beijing pour la deuxième fois et offrit un clavecin à l'empereur. Ce clavecin de style européen était appelé « qin atlantique » [yaqin, fanqin, qin à cordes métalliques ou tianqin).

Les chants d'école qui avaient commencé au début des années 1920 ont joué un rôle crucial dans le rajeunissement de la musique chinoise moderne. En 1902, Shen Xin'gong organisa à Tokyo un séminaire sur la musique. Il demanda même que l'on compose de nouvelles paroles pour quelques chansons populaires japonaises, européennes et américaines. En 1904, la cour impériale de la dynastie des Qing approuva la Régulation des écoles autorisées et la mit en vigueur. Dès lors, plusieurs nouvelles écoles ouvrirent l'une après l'autre des cours de musique et chant.

Parallèlement au progrès des écoles de chant, la musique occidentale fut introduite et domina dans plusieurs domaines comme le chant, l'orgue, le piano et le violon. En même temps, les formes de notation musicale comme la notation chiffrée et la portée de cinq lignes de même que la théorie musicale de base devinrent populaires au sein du peuple. Par exemple, la portée fut introduite en Chine durant le règne de l'empereur Kangxi mais devint populaire au XIXe siècle. De plus, des livres fondamentaux sur la musique occidentale comme Yue Dian Da Zhang (chapitres sur la musique), Résumé de théorie musicale et Harmoniques furent publiés en grand nombre.

Après la fondation de la République de Chine en 1912, le gouvernement fit de la musique et du chant des cours obligatoires dans les écoles primaires et secondaires. Comme la plupart des écoles prônaient les qualités patriotiques « Étude, progrès et civilisation », « Enrichir la Chine et construire sa puissance militaire », et « Sauver la nation de l'extinction », ces cours furent vite acceptés dans la vie sociale et culturelle de l'époque. En fait, les chants d'école aidèrent à jeter les fondements des chœurs de masse en Chine et l'on vit apparaître un grand nombre d'enseignants de musique.

Les premiers chants d'école fut repris du Japon, de l'Europe et de l'Amérique et l'on composa de nouvelles paroles sur les airs originaux. En 1906, Li Shutong publia Tabloïde de la musique, le premier périodique de musique en Chine. D'autre part, Li prit la tête en composant le premier chant choral en trois parties intitulé Promenade printanière. Après lui, d'autres compositeurs chinois commencèrent à écrire des paroles de chansons.

Toutefois, c'est après le Mouvement du 4-Mai que la musique chinoise et la musique occidentale se fusionnèrent vraiment. Durant ce mouvement, les milieux culturels et idéologiques de la Chine tinrent d'interminables discussions sur les cultures chinoise et occidentale. La discussion permit aux Chinois une maitrise détaillée de la valeur de la culture musicale occidentale.

À partir de 1920, la Chine établit progressivement des institutions d'enseignement de la musique professionnelle spécialisées dans l'enseignement des connaissances et des compétences de la musique occidentale. Ces institutions poussèrent la Chine à incorporer davantage l'essence de la culture musicale occidentale.

Les auteurs des premières contributions au rajeunissement de la musique chinoise moderne sont Xiao Youmei et Wang Guangqi.

Xiao Youmei alla au Japon en 1901 poursuivre des études avancées en enseignement et en musique. Puis il alla en Allemagne étudier la théorie et la composition musicales, le piano et la direction d'orchestre en 1912. Il revint en Chine après ses études. En novembre 1928,

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Le 23 juin 2001, les trois plus grands ténors du monde, Pavarotti, Domingo et Carreras, ont donné un récital conjoint à la Cité interdite de Beijing.

il fonda avec Cai Yuanpei le Conservatoire public de musique, première institution indépendante de hautes études de musique professionnelle. Il composa plus de quatre-vingt-dix chansons dont deux chants pour chœur d'envergure, le quartet pour cordes Sérénade, un solo pour piano intitulé Condoléances, l'œuvre pour violoncelle Pensées d'automne, et une pièce pour orchestre intitulée Danse de la jupe arc-en-ciel et de la robe de plumes. Il fit passer la composition d'une ère d'écriture de paroles à un stage de création musicale professionnelle.

Wang Guangqi fut le fondateur de l'ethnomusicologie de Chine. Ses œuvres comme Histoire de la musique de Chine, Étude sur les systèmes de musique oriental et occidental, Musique nationale de l'Orient, Vers classiques chinois, Pièces lyriques et poétiques et Étude sur la traduction de la notation musicale, informent les lecteurs sur la théorie et la pratique de la musique occidentale de manière générale et systématique et elles eurent une profonde influence sur la musicologie chinoise.

De plus, les musiciens étrangers en Chine apportèrent leur contribution à l'enseignement de la musique surtout en répandant la culture musicale occidentale. Parmi eux, Aaron Avshalomov, un Juif russe, alla plus loin que les autres dans la pratique de l'art. Il vint en Chine en 1914 et commença à composer de la musique dans le style national chinois dans les années 1920. Certaines de ses œuvres comme l'opéra Guanyin et la chorégraphie Qin Xin Bo Guang furent créées sur la base de légendes populaires, d'histoires ou d'opéras traditionnels chinois. En 1934, Alexander Tcherepnin, un compositeur russe, finança une compétition de composition de musique chinoise. He Lùting créa une pièce pour piano aux caractéristiques typiquement chinoises et remporta le premier prix. L'œuvre intitulée Corydon Piccolo, est une parfaite combinaison des concepts chinois et occidentaux sur la musique.

Plusieurs artistes s'efforcèrent sans relâche d'absorber la culture musicale étrangère et de développer la musique chinoise. Entre autres, Zhao Yuanren expérimenta les mélodies de style chinois et l'harmonie aux caractéristiques chinoises ; Liu Tianhua ouvrit une nouvelle voie avec l'intégration de la musique chinoise et occidentale ; Huang Zi préféra suivre la voie de la musique nationale ; Ma Sicong s'efforça de créer plus de musique nationale aux caractéristiques fraiches, et Nie Er et Xian Xinghai lancèrent un nouveau style de musique.

Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, la culture musicale chinoise s'éleva à un nouveau palier. Au tout début, les échanges musicaux sino-étrangers étaient limités à l'Union soviétique et quelques pays socialistes d'Europe de l'Est. Toutefois, les échanges restreignaient la croissance de la musique chinoise.

De 1966 à 1976, la Chine s'isola du monde extérieur. Les échanges musicaux sino-étrangers restèrent figés pendant dix ans. Le monde de la musique, pendant ce temps, entra dans une ère de pluralisme où diverses écoles de musique émergèrent l'une après l'autre, comme la musique en série, la musique électronique, la musique concrète, la musique aléatoire et la musique pop.

En 1979, la Chine commença à appliquer sa politique de réforme et ouverture, et retourna vers la scène mondiale. La même année, les échanges musicaux sino-étrangers écrivirent une nouvelle page de leur histoire. D'une part, un grand nombre de musiciens et d'orchestres mondialement célèbres vinrent en Chine présenter des styles de musique de divers pays. D'autre part, de grands efforts furent faits par la Chine pour traduire plusieurs livres étrangers liés à la théorie musicale, importer des partitions, disques et bandes magnétiques de l'étranger, envoyer de nombreux jeunes chinois étudier dans d'autres pays, inviter des experts étrangers à donner des cours, organiser des conférences universitaires internationales, et accroitre les échanges d'information en musique avec d'autres pays.