Musique Chinoise Moderne: Apparition d'Une Nouvelle Culture Musicale

Parlant de la musique chinoise au XXe siècle, nous devons d'abord mentionner les « chants d'école ». Au début du XXe siècle, avec l'introduction de la culture occidentale, la culture capitaliste dans l'histoire proche de la Chine s'est développée. L'enseignement scolaire de la musique a aussi évolué peu à peu avec le développement de nouveaux types d'écoles. Des missionnaires étrangers ont ouvert des cours de musique dans leurs écoles. Un de ces cours, Qin Ke, avait un riche curriculum qui consistait non seulement à apprendre le piano mais aussi la musique vocale, les instruments à cordes, l'histoire de la musique, la théorie de la composition et d'autres sujets. Des intellectuels connus comme Kang Youwei, Liang Qichao, Cai Yuanpei et Yang Du parvinrent à une nouvelle compréhension de l'enseignement de la musique, ce qui conduisit non seulement à l'instauration de cours de musique et de chant dans les écoles, mais aussi à la composition de chants - musique et paroles - et leur diffusion. Des étudiants chinois revenus du Japon comme Shen Gongxin et Zeng Zhizhai proposèrent des activités de chant dans les écoles par l'ouverture de classes de chant, la composition et l'enseignement de chants d'école au primaire et au secondaire, la publication de revues, contribuant à répandre leurs œuvres dans des revues célèbres du pays et de l'étranger et favorisant le développement d'un nouvel enseignement scolaire de la musique. Par les efforts de ces pionniers, les chants d'école finirent par se répandre dans tout le pays.

Avec l'abolition du keju (ancien système d'enseignement basé sur la sélection des « talents » dans l'ancienne Chine) et la promotion des « écoles » et d'autres « nouvelles mesures politiques », et des « Suggestions sur la musique à l'école », le nouveau système d'enseignement couvrit la Chine. Après 1912, l'administration de l'éducation de la République populaire de Chine se posait des questions sur le développement du nouvel enseignement de la musique, et son but principal était d'inspirer le patriotisme au peuple pour « enrichir le pays et rehausser la puissance militaire ». Par conséquent, le contenu principal des chants d'école consistait à chanter la victoire du renversement de la monarchie et demander la libération des femmes et l'égalité des sexes, et comprenait des chants sur l'éducation civile et militaire, l'amour de la vie et de la nature, la nouvelle culture et l'établissement d'une nouvelle pensée. Quant à la création de musique professionnelle en Chine au XXe siècle, les chants d'école furent le creuset de la création de chansons modernes et l'embryon de la composition musicale professionnelle moderne.

Étudiantes de musique du Collège des Femmes de Beijing en 1929.

En 1919, avec le Mouvement de la nouvelle culture du 4-Mai, des associations de musique apparurent dans les grandes villes côtières, et les plus influentes en musique populaire furent la Société de musique de Chine établie à Shanghai en 1919 et la Société de musique Datong de Shanghai, en 1929. Ces associations étudiaient et présentaient surtout le xiqu et la musique populaire chinoise, et en même temps étudiaient quelques instruments de musique et théories occidentaux. La Société de musique Datong proposa d'organiser un nouveau type d'ensemble populaire pour jouer de la musique ancienne et expérimenter les concerts de musique populaire, et créa à ces fins Chun Jiang Hua Yue Ye, Jiang Junling et d'autres pièces selon les albums de musique populaire traditionnelle. En 1919, l'Université de Beijing ouvrit un institut de musique, et engagea Liu Tianhua, Xiao Youmei, Chen Zhongzi, Wu Zhuosheng, Niu Lun (de Grande-Bretagne) et d'autres célèbres musiciens pour guider les membres de l'association. Cai Yuanpei fut nommé président. Ils publièrent quinze numéros du Magazine de la musique, le premier du genre conçu et publié en Chine. Par conséquent, la création de nouveaux types de musique commença en Chine et divers types de chansons se développèrent rapidement. Un groupe d'intellectuels qui avaient reçu une formation en musique occidentale revinrent au pays où ils répandirent la connaissance de la musique à travers l'enseignement, publièrent des livres et menèrent des recherches théoriques sur la nouvelle variété de la musique. Parmi eux, Xiao Youmei, Wang Guangqi et Zhao Yuanren apportèrent une contribution remarquable à la création musicale et à la recherche théorique.

Xiao Youmei revint de San Francisco à Beijing en mars 1920, pour enseigner et diriger l'Institut d'enseignement et de pratique de la musique de l'Université de Beijing, et la faculté de musique de l'École d'art professionnelle de Beijing. En 1927, Xiao et Cai Yuanpei entre autres fondèrent le premier institut formel de musique hautement professionnel de Shanghai - l'Académie nationale de musique de Shanghai. Xiao Youmei non seulement apporta une importante contribution à l'enseignement de la musique professionnelle en Chine dans la période pré-moderne mais fournit des réalisations considérables en création et en science de la musique, et ses compositions principales sont le quartet pour cordes Sérénade (composé en 1916 et première composition chinoise pour ensemble), la Marche funèbre pour piano, Nouvelle danse Nishang Yuyi (première pièce pour orchestre de modèle occidental écrite en Chine), les pièces pour violoncelle Pensées d'automne, Questions et Chants patriotiques en mémoire du 4-Mai, plus de cent compositions au total. Ses principaux ouvrages de musicologie comprennent Essence des harmoniques, Ecole de musique ordinaire, et Étude comparative de la musique chinoise et de la musique occidentale.

Une publicité de Shanghai Electrical & Musical Industries Ltd. durant la période de la République de Chine.

Wang Guangqi a rédigé plusieurs ouvrages de présentation et de recherche sur la musique chinoise et la musique étrangère. Les plus significatifs sont Vie musicale de l'Europe, Musique occidentale et opéra, Musique des pays d'Orient, De l'opéra classique chinois et d'autres. Plusieurs de ses livres sont de nature incitative et créative, et expriment son point de vue sur la fonction sociale de la musique pour former l'esprit humain et transmettre le patriotisme.

Zhao Yuanren, qui était un linguiste et compositeur mondialement connu, créa une nouvelle époque de musique pré-moderne en Chine. Il composa plus de mille pièces compilées surtout dans Collection de nouvelle poésie, Collection de chansons pour la Journée des enfants, et Collection des chansons d'éducation publique. Il combina avec bonheur les harmoniques traditionnelles occidentales au style national chinois et les utilisa dans l'accompagnement au piano, portant attention à la production d'images musicales et d'états d'âme aussi bien que de notes, mélodies et paroles. Ses œuvres les plus représentatives sont Chanson des vendeurs de coton, Chanson de travail, Tissage, Comment pourrais-je l'oublier ?, Grimpant la montagne, Écoutant la pluie, En barque sur la rivière, et la pièce pour chœur Sons de la mer, œuvres qui devinrent un répertoire durable des concerts de musique populaire.