L'Elégance à l'Epoque de Wei et Jin

Dans l'histoire politique de la Chine, les deux cents ans à l'époque de Wei et Jin est sans aucun doute une période de temps obscur. Avec les changements fréquents des pouvoirs, les batailles sans arrêt, les désastres naturels et les épidémies, la vie du peuple était misérable. Le code traditionnel était détruit entièrement, le Confucianisme a perdu le pouvoir de gouverner le peuple. En même temps, avec la vogue de la philosophie de Lao-Tseu, la traduction des soutras, le développement du Taoïsme, il est apparu des idéologies d'humanisme. Les descendants aristocratiques aspiraient à l'individualisme, et ils ont mis cette tendance dans tous les secteurs sociaux. Ils faisaient beaucoup d'amis, critiquaient les personnages, contrôlaient l'opinion publique, ainsi formaient-ils une force puissante qui faisait peur à la force traditionnelle et à l'empereur, et beaucoup de gens étaient tués pour cette raison.

On peut dire que les hommes de lettres de la Chine ancienne ont connu le plus de dangers de la vie et le plus de souffrances mentales à l'époque Wei et Jin. Mais il existait aussi une autre image des hommes de lettres de cette époque-là, boire de l'alcool, jouer de la musique, se divertir dans les montagnes, discuter de la philosophie, étudier les soutras. La politique terrifiante a poussé les hommes de lettres à y chercher du réconfort.

L'Elégance à l'Epoque de Wei et Jin, L'histoire des Vêtements Chinois
Les vêtements des nobles dans la période de Wei et Jin. L'image de l'homme noble à gauche qui porte un chapeau de cage est le modèle original de la tenue pour hommes impériale du Japon, (dessiné selon la peinture murale d'un tombeau ancien à Uaoyang de la province du Liaoning. (sélectionné de Recherches sur les Vêtements de la Chine antique écrit par Shen Congwen)

Ils étaient contre les doctrines traditionnelles, et demandaient à se dégager de l'hypocrisie et de la restriction de ces doctrines. Ils voulaient retrouver la vie réelle et libre. Trois attitudes de vie, vivre à son gré, se maintenir en bonne santé, être indulgent pour les plaisirs, avaient toutes beaucoup de partisans. Le goût esthétique et les manières de conduites de la classe aristocratique ont beaucoup changé. Ils se sont dégagés intentionnellement de la mentalité traditionnelle dans les conduites ordinaires, et sur l'habillement, ils voulaient créer la mode d'être élégant, généreux, en méprisant les détails. Le goût esthétique de la classe aristocratique a enfin influencé les styles des vêtements de toutes les couches sociales.

Dans cette période-là, les hommes étaient divisés en neuf classes selon leurs propriétés. Il existait de strictes limites entre des classes différentes qui interdisaient même le mariage mixte. Non seulement les riches profitaient des cérémonies comme des mariages, des funérailles pour montrer leur richesse, mais aussi les familles ordinaires poursuivaient le luxe. Dans le livre shi shuo xin yu (Anecdotes contemporaines et nouveaux propos), on a écrit une histoire intéressante. Ruan Ji (210-263) et son neveu Ruan Xian habitaient au nord de la rue, il y avait aussi des personnes portant le même nom Ruan qui habitaient au sud de la rue. Les gens du sud étaient riches, ceux du nord étaient pauvres. Chaque année, le 7 juillet du calendrier lunaire, les gens du nord avaient l'habitude de mettre le linge en plein air, et on ne présentait que leurs soies et brocarts pour monter ainsi leur richesse. Un jour, Ruan Xian a mis une culotte sur une canne de bambou, les autres lui a demandé pourquoi, et il a répondu qu'il voulait bien participer à l'activité du sud. Telle conduite était en effet la moquerie pour la vie luxueuse de la couche aristocratique.

L'Elégance à l'Epoque de Wei et Jin, L'histoire des Vêtements Chinois
L'image d'une femme de la Dynastie du Sud qui porte deux chignons, une robe longue avec des manches larges, d'un col bas, et des chaussures à talon, (dessiné par Gao Chunming, sélectionné du livre Les ornements des femmes de toutes les dynasties chinoises écrit par Zhou Xun et Gao Chunming)

Les sept gentilshommes de la forêt de bambous désignent sept gentilshommes de l'époque Wei et Jin, y compris Ruan Ji et Ruan Xian. De nos jours, on peut encore voir leurs images sur les peintures murales, les vêtements traînent sur la terre, la poitrine, les bras, les jambes, les pieds exposés en plein air, ce qui était très rare pour l'image des hommes de lettre dans la société féodale. Parce qu'il n'y avait que les gens de la classe sociale inférieure qui exposaient leurs bras et jambes. Ils agissaient avec désinvolture, par exemple, dans certaines peintures connues, Liu Ling, Ji Kang, Wang Rong, qui appartenaient à sept gentilshommes, portaient des chignons des enfants, ce qui était cynique pour les traditions et les coutumes.

En ce qui concerne les vêtements chinois, le goût des hommes de lettres a étendu largement l'esthétique de la Chine antique. Le concept d'esthétique des Chinois anciens était au début bien simple. Dans la période des Printemps et des Automnes, il y avait des poètes pour décrire la beauté: les mains souples, la peau éclatante, le sourire aimable et les beaux yeux forment la beauté idéale de la période des Printemps et des Automnes, pour louer la beauté toute naturelle. Dans la période des Royaumes combattants, il y avait pas mal d'articles très connus qui décrivaient la beauté féminine. Un écrivain, Song Yu a écrit dans son livre: un centimètre de plus, elle sera trop haute, un centimètre de moins, elle sera trop petite, avec du poudre, elle sera trop blanche, avec du vermillon, elle sera trop rouge; ses sourcils sont comme les plumes des paons, la peau blanche comme la neige, les reins comme la soie blanche, les dents comme des perles. Après la période de Wei et Jin, la description de la beauté féminine devenaient de plus en plus fine et raffinée. Les progrès sur les vêtements et les ornements étaient une preuve importante de cette époque.

Dans la période de Wei et Jin, surtout à l'époque de Jin de l'Est (317-420), avec l'effondrement des doctrines mentales traditionnelles de la Dynastie Han, les femmes aristocratiques poursuivaient le mode de vie libre et désinvolte, elles se méfiaient des responsabilités des femmes fixées par la société traditionnelle, elles aimaient participer aux activités sociales, s'amuser dans les montagnes, se jeter dans les recherches de l'art, de la littérature, de la philosophie. C'était cette attitude de vie qui a laissé les vêtements féminins devenir plus somptueux et élégants. La robe longue, les manches larges, les rubans et les jupes flottants, les ornements de cheveux élégants et majestueux, tout cela constituait la mode des vêtements de la période de Wei et Jin.