Les caractères chinois

Les caractères chinois, qui sont les signes de l'écriture chinoise, tirent leur origine d'idéogrammes. À l'origine, les Chinois ont créé les caractères chinois par le biais d'images et ont ensuite inventé des dizaines de milliers de caractères par d'autres moyens. Le Dictionnaire Kangxi, publié en l'an 55 sous le règne de Kangxi des Qing (1716), rassemble 47035 caractères. Le Zhonghua Zihai (Dictionnaire des caractères chinois), publié en 1994, comprend 85568 caractères.

Sous la dynastie des Han de l'Est (25 - 220), Xu Shen a synthétisé dans Shuowen Jiezi (Explication pictogrammes et des idéo-phonogrammes) l'origine et l'emploi des caractères chinois. II s'agit des fameuses « six catégories » de caractères pictographie, idéographie, agrégat logique, association des éléments formel et phonétique, emprunt et enfin échange réciproque. En fait, l'échange réciproque et l'emprunt font référence à l'emploi des caractères, alors que seules les « quatre catégories » qui précèdent portent vraiment sur la composition des caractères, on leur associe une signification profonde ainsi que des histoires intéressantes.

Ce qu'on appelle la pictographie, c'est la formation des caractères par des signes dont la forme évoque des réalités existantes. Par exemple : le caractère chinois 鱼 (poisson) à l'origine est composé d'une tête en haut, d'un corps au milieu et d'une queue en bas. Les idéogrammes tirent leur origine de dessins dont la nature symbolique s'est renforcée au cours de leur évolution, au détriment de la nature picturale. Par exemple, le caractère

Ce qu'on appelle l'idéographie, c'est la composition des caractères avec des signes porteurs de significations. Par exemple : le caractère 刃 (lame) est fait d'un couteau (刀) sur lequel on a ajouté un point à l'endroit de la lame ; les caractères Ji (sur) et T (sous) montrent respectivement la partie au-dessus et en dessous de la partie principale一 ; et les caractères 本 (racine) et 末(cime) évoquent la racine ou la cime de l'arbre ( 木 ). À la différence des pictogrammes, certaines parties des idéogrammes sont au départ abstraites.

On parle d'agrégat logique quand la signification globale du mot résulte du sens combiné des éléments qui le composent. Par exemple le caractère 酒 (alcool) est formé du signe W évoquant la cruche pour faire de l'alcool et le signe 水 désignant le liquide ; et le caractère 信 (crédit) est composé du signe 人 (homme) et du signe 言 (parole), pour exprimer le sens « tenir sa parole pour être crédible ». Dans le dictionnaire, les caractères composés selon le principe de « l'agrégat logique » sont souvent expliqués avec la formule « à partir du signe... et du signe..., on obtient... », par exemple, pour le mot鸣 (gazouiller, ou chants des oiseaux), on peut lire dans le dictionnaire « à partir du signe o (bouche) et du signe 鸟 (oiseau), on obtient le sens du mot 鸣.

On parle d'association des éléments formel et phonétique quand un caractère nouveau est formé par la combinaison d'un élément se rapportant à la signification et d'un autre élément se rapportant à la prononciation. Par exemple : pour le caractère榕 , la partie à gauche signale que ce mot a trait au thème de l'arbre, et la partie à droite indique que la prononciation est « rong » ; le caractère齿 est composé d'une partie inférieure indiquant la signification et d'une partie supérieure indiquant la prononciation ; pour le mot 围, la partie à l'extérieur est destinée à indiquer la signification et la partie à l'intérieur à indiquer la prononciation. Ce principe d'association offre de grandes possibilités pour inventer des caractères, et 80 % des caractères regroupés dans Shuowen Jiezi publié sous la dynastie des Han de l'Est sont formés par cette méthode.

Dans une chanson populaire intitulée « Enfant chinois », on chante « Ma langue préférée est pour toujours le chinois, la parole bien prononcée et avec le bon ton, c'est cette parole-là qui engage. Mon écriture préférée c'est les caractères que le professeur m'a appris, les traits droits m'ont rendu honnête et loyal ». Les caractères chinois renferment de riches connotations culturelles et significations symboliques, et ils donnent à réfléchir sur ce qui est vrai, bien et beau.